Abstract

Dans le contexte d’un vaste débat public, des gouvernements, en Amérique du Nord, ont mis en place d’importantes mesures incitatives pour convaincre les multinationales du secteur automobile d’investir sur leur territoire. Dans cet article, nous évaluons l’importance du rôle que jouent ces mesures pour attirer des investissements au Canada. Notre évaluation comporte trois volets : une analyse des données portant sur les mesures incitatives mises en place au Canada et aux États-Unis ; une étude de cas, celle du processus qui a mené à la construction de l’usine d’assemblage de Toyota à Woodstock, en Ontario ; et une série d’entrevues menées auprès d’intervenants gouvernementaux et du secteur automobile. Nous observons ainsi que, si les coûts liés à l’emplacement d’une usine sont un élément majeur qui influence la décision d’investir, décider de construire une usine d’assemblage est, pour une entreprise, une question complexe liée à un investissement à long terme de plusieurs millions de dollars qui comporte des risques impor-tants. En évaluant ces risques et les coûts prévus des investissements, nous avons observé de grandes différences dans ce qui influence les choix des entreprises. Même si les mesures incitatives jouent en général un rôle important, d’autres types de facteurs, moins facilement mesurables (soft factors), influen-cent aussi les décisions d’investissement : les liens structurels entre le siège social et les différentes usines ; le leadership au niveau des usines ; et les relations entre les différents acteurs, en particulier entre les responsables du siège social et ceux des usines, entre les différents paliers de gouvernement, et entre les gouvernements et les directions des entreprises. Enfin, nous montrons que la fragmentation institu-tionnelle, liée à la concurrence que se font différents paliers et services des gouvernements, peut nuire à l’efficacité des mesures que les gouvernements mettent en place pour attirer le capital étranger.

Amid considerable public debate, governments across North America have offered rich incentive packages to entice investment from multinational automotive corporations. This article explores the relative importance of government incentives in influencing automotive corporations’ decisions to invest in Canada on the basis of a data analysis of investment incentives in Canada and the United States, a case study of Toyota’s decision to invest in the Woodstock assembly plant, and a series of interviews with industry and government stakeholders. Our article concludes that although locational costs are a major determinant of investment decisions, the corporate decision to build a new assembly plant is a multimillion-dollar long-term investment with considerable risks. In assessing the risks and estimated costs of these investments, we found evidence of major variances between companies in what determined their decision. Although incentives were usually important, our research points to the influence on investment decisions of soft factors, including the structural relationship between the home office and branch plant; leadership of branch plant operations; and relationships between actors, in particular between corporate actors at headquarters and the branch plant, different levels of government, and government and corporate actors. Finally, we show that institutional fragmentation, including competition within and between different levels and branches of government, can erode policy effectiveness when governments attempt to attract foreign capital.

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