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Reviewed by:
  • La London School of Economics and Political Science. Internationalisation universitaire et circulation des savoirs by Marie Scot
  • Perrine Simon-Nahum
Marie Scot
La London School of Economics and Political Science. Internationalisation universitaire et circulation des savoirs
Paris, Puf, 2011, 384p.

«La Lse est située en Grande-Bretagne mais sert le monde. » Cette affirmation qui introduisait en 1980 la brochure du fonds Ralph Dahrendorf consacrée à l’institution que le sociologue dirigea entre 1974 et 1984, comprise sous un mode interrogatif, pourrait servir de sous-titre à l’étude que propose Marie Scot. À la suite d’un travail sur la London School of Economics (Lse) et le Welfare State 1, l’auteure s’interroge sur l’histoire de cette institution à partir du modèle des world-class universities, dont fait aujourd’hui partie la Lse, qui occupe le dix-huitième rang en économie et le vingtquatrième en sciences sociales au classement de Shangai.

L’approche historique qui conduit ce travail met d’emblée en évidence les spécificités de l’institution. L’originalité marque la Lse dès sa naissance. Celle-ci voit en effet le jour en 1895 à la suite d’un don à la Société fabienne réalisé dans le but avoué d’appuyer le réformisme politique sur une expertise savante. À cela s’ajoute le besoin, commun aux différentes sociétés industrielles, d’assurer à leurs élites une formation en sciences économiques et politiques, souci qu’ont en partage l’École libre des sciences politiques et la Johns Hopkins University, fondées au cours des mêmes décennies. C’est pourtant cette mission de « service à la communauté » qui la distingue des deux autres institutions, dans la mesure où l’intérêt collectif désigne, en Grande-Bretagne, aussi bien l’État que les autorités locales et les intérêts privés, là où, en France, il se limite au seul service public. Cette orientation éclaire les luttes qui entourent le développement de la discipline reine de la Lse, l’économie politique, qui oppose les économistes néoclassiques et l’école marginaliste aux historiens, davantage ancrés dans la réalité économique. La Lse agit dans le sens d’une légitimation de l’économie appliquée. Ce choix renvoie à une autre décision initiale de ses fondateurs : renoncer à concurrencer Oxford et Cambridge comme école du pouvoir pour s’affirmer, au contraire, comme le lieu d’une science politique scientifique, même si l’adoption du « Rapport sur l’assurance sociale et les services connexes » de William Beveridge, qui dirigea la Lse de 1919 à 1937, conduit à nuancer cette vision.

L’ouvrage de M. Scot est pourtant bien plus qu’une étude d’histoire institutionnelle. L’intérêt majeur de ce travail réside dans le fait de montrer comment la réflexion sur le partage des disciplines qui a présidé à la création de la Lse et accompagné un temps son développement rejoint les interrogations actuelles sur l’organisation des savoirs. La forte dimension internationale qui domine l’histoire de la Lse est le premier axe autour duquel M. Scot articule sa démonstration. Celui-ci se décline selon deux aspects : le lien entre enseignement et recherche, d’une part, la quête de financements extérieurs, d’autre part. M. Scot date des années 1920 ce qu’elle nomme la « première internationalisation » de la Lse, qui dure jusqu’en 1944. C’est l’époque où la Lse noue des liens privilégiés avec la fondation Rockefeller puisque, de 1923 à 1937, cette dernière contribue à son développement à hauteur de plus de deux millions de dollars.

Les motifs de la rupture qui intervient à la fin des années 1930 et précipite la démission de Beveridge conduisent néanmoins à nuancer l’idée d’une « américanisation » des universités anglaises, notamment de la Lse, par le biais des subsides financiers. Pourtant, cette nécessité de recourir à des financements extérieurs implique la mise en place précoce de procédures d’évaluation, comme le rapport...

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