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  • Une Acadie qui bouge :La présence acadienne dans l’histoire de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick
  • David Frank

IL N’Y AVAIT PAS DE PRÉSENCE ACADIENNE en 1913 et en 1914 aux réunions au cours desquelles fut fondée la Fédération du travail du Nouveau-Brunswick, un organisme qui voulait être la voix principale du monde ouvrier de la province1. Les fondateurs étaient des militants membres des syndicats locaux de Saint John, de Moncton et de Fredericton. Ils n’abordaient pas les problèmes des ouvriers des autres régions de la province ou de ceux et celles qui vivaient et travaillaient principalement en français. Au cours du siècle suivant, la Fédération deviendra plus représentative des travailleurs et des travailleuses de la province, et la participation des ouvriers francophones augmentera de façon importante. De plus, dans les années 1980, la traduction littérale de l’appellation anglaise « Federation of Labour » par « Fédération du travail » sera remplacée par un nouveau nom officiel en français : Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick (FTTNB). Ce nom reconnaît alors non seulement la place occupée par les francophones au sein de l’organisme, mais également la participation des femmes. Celles-ci étaient absentes au début de la Fédération mais, peu à peu, elles deviendront membres de l’organisme provincial. L’évolution de la présence féminine au sein de la Fédération représente un autre volet important du développement des solidarités provinciales ouvrières au cours du 20e siècle2.

Le présent texte vise à retracer, de façon sommaire, l’histoire de la présence acadienne au sein de la Fédération au cours de trois étapes historiques, chacune liée à l’évolution du monde du travail auquel participaient des Acadiens et des Acadiennes : d’abord à Moncton, une ville ferroviaire largement touchée par la première révolution industrielle; puis dans les grandes industries forestières du nord de la province au milieu du siècle; et finalement lors de l’expansion des syndicats pendant les années de la Révolution tranquille du troisième quart du siècle. Dans chaque période, nous pouvons identifier des militants acadiens qui contribuèrent de façon marquée à l’histoire ouvrière de la province. Ceux-ci vivaient et travaillaient dans une Acadie qui bougeait et se transformait avec les changements économiques et sociaux du siècle. Également, nous observons une Acadie qui fait bouger la Fédération, qui l’incite à adopter et à appuyer une stratégie de collaboration entre tous les membres de la classe ouvrière pour mieux faire pression et ainsi faire avancer les dossiers importants du mouvement syndical dans l’ensemble de la province. [End Page 92]

D’abord, considérons le cas de Célime Antoine Melanson. Son nom figure dans la liste des huit membres du conseil exécutif de la Fédération élu en juillet 1915. Melanson fut élu au poste de vice-président, devenant ainsi le premier Acadien à être choisi pour un poste de direction3. Son histoire illustre bien l’expérience vécue par les gens du milieu rural qui vont s’établir en ville pour occuper des emplois industriels. Melanson naquit dans le comté Kent en 1885. Jeune homme de 17 ans, il vint travailler à Moncton, où l’arrivée du chemin de fer Intercolonial avait stimulé le développement industriel. Melanson commença à travailler comme manœuvre dans les ateliers de réparation et d’entretien du chemin de fer. Il fut bientôt promu à des tâches plus pointues en tant que machiniste. Devenu membre de l’International Association of Machinists [Association internationale des machinistes], Melanson acquit une bonne connaissance des questions ouvrières; de plus, il se perfectionna et améliora son anglais en suivant des cours par correspondance. En 1914, les membres de la section locale 594 du syndicat le choisirent comme délégué à l’assemblée du Congrès des métiers et du travail...

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