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Reviewed by:
  • La censura in Italia. Dall’Inquisizione alla polizia by Vittorio Frajese
  • Sandro Landi
Vittorio Frajese
La censura in Italia. Dall’Inquisizione alla polizia
Rome, Laterza, 2014, 240 p.

Il n’existait pas à ce jour de synthèse de l’histoire de la censure dans la péninsule italienne à l’époque moderne. Le principal mérite de cet ouvrage est donc de combler cette lacune. Son originalité tient au choix d’une périodisation longue qui correspond au processus que l’auteur identifie comme le fil conducteur de son analyse : de la naissance, à la moitié du XVIe siècle, de la censure ecclésiastique à sa progressive substitution par une police des livres mise en place dans les différents États italiens au cours du XVIIIe et du XIXe siècle.

Dans le premier chapitre, qui fait office d’introduction, Vittorio Frajese se propose d’expliquer la spécificité du cas italien. L’invention de l’imprimerie et la « césure » qu’elle détermine dans les manières de rendre public un texte contraignent « les grands pouvoirs [End Page 503] d’Europe » (p. 4) à mettre en œuvre des dispositifs de censure préalable des manuscrits. À l’intérieur de ce cadre – dont la complexité, faute d’analyse comparative, est simplement évoquée –, la censure qui s’installe dans les différents États italiens se caractérise par « un dualisme institutionnel ». En effet, si partout en Europe « le personnel ecclésiastique et la culture religieuse » (p. 5) jouent un rôle déterminant en matière de contrôle de l’imprimerie, en Italie la censure ecclésiastique est une émanation directe de la souveraineté pontificale. En d’autres termes, cet abus de souveraineté constitue le trait dominant de la censure italienne ainsi que le facteur qui détermine, dans la durée, ses transformations.

En réalité, pour les deux tiers de ce livre, la censure qui relève des États n’est traitée que de façon épisodique. L’auteur cherche avant tout à mettre en lumière les assises théoriques, l’étendue et le fonctionnement de la censure ecclésiastique. Par une longue digression explicative, il fait remonter ses origines au premier concile de Nicée, à partir duquel l’Église s’arroge le droit de définir les vérités de la foi et d’interdire, iure ecclesiae, les écritures jugées hérétiques. Le refus de la culture savante, typique du mouvement franciscain à ses origines, ainsi que sa répulsion à l’égard de la culture écrite ne constituent qu’un facteur aggravant d’une attitude intellectuelle durable dont le fondement est avant tout d’ordre juridique. V. Frajese rappelle en plusieurs endroits la dimension canonique de la censure : en droit canon, la censure est une peine qui prive le chrétien, pécheur et rebelle, des biens spirituels qui sont accordés par le bon vouloir de l’Église. Dans cette perspective, il n’est donc de véritable censure qu’ecclésiastique.

V. Frajese illustre la mise en œuvre de ce principe dans la période qui suit la Réforme. Les étapes de ce processus sont connues : fondation de la congrégation du Saint-Office, dont les pouvoirs en matière de censure sont fixés par un édit de 1543, puis création en 1572, par Grégoire XIII, de la congrégation de l’Index, à laquelle est confiée la tâche d’établir la liste des livres interdits. Grâce aux travaux de Gigliola Fragnito notamment, le rapport conflictuel qui s’établit entre ces deux organismes est également un élément acquis par l’historiographie 1. Si V. Frajese n’apporte pas à ce sujet d’éléments novateurs, son analyse se distingue par la supériorité de droit qu’elle attribue à l’Inquisition, seule institution habilitée à invalider un index, y compris celui qui fut voulu par Sixte V en 1590. Plus originale est l’attention que porte l’auteur aux formes de résistance suscitées par la censure ecclésiastique. Abstraction faite des explications discutables, à caractère culturaliste, qui relient la faible résistance opposée à l’Inquisition à une supposée prédisposition...

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