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Reviewed by:
  • Canadians and Their Pasts by Margaret Conrad et al.
  • Stéphane Lévesque
Conrad, Margaret et al.– Canadians and Their Pasts. Toronto, University of Toronto Press, 2013, 235 p.

À l’ère des médias sociaux et des technologies numériques plusieurs historiens s’interrogent sur le rapport qu’entretiennent les Canadiens avec l’histoire et leur passé. Quel rôle joue l’histoire dans la vie des Canadiens? De quelle manière l’histoire permet-elle de définir les identités collectives et individuelles? Quelles sources historiques les Canadiens considèrent-ils comme fiables? Comment ces derniers entrevoient-ils l’histoire et l’avenir? Voilà autant de questions à l’origine de l’étude nationale et bilingue « Les Canadiens et leurs passés » (www.canadiansandtheirpasts.ca) menée par une équipe de chercheurs chevronnés provenant de six universités canadiennes (Université Laval, Université du Nouveau-Brunswick, Université Carleton, Université York, Université du Manitoba, Université de la Colombie-Britannique). Financée par le conseil de recherches en sciences humaines du Canada, l’étude s’inspire de projets similaires menés en Europe, aux États-Unis et Australie. Au moyen d’un sondage téléphonique auprès d’un échantillon représentatif de plus de 3400 citoyens provenant de toutes les régions, les auteurs voulaient sonder la conscience historique des Canadiens à l’aube du nouveau millénaire. Jamais dans l’histoire canadienne une étude aussi vaste n’avait été menée dans le domaine de l’évaluation historique avant cette enquête. À titre de chercheur et de didacticien, les résultats de l’étude « Les Canadiens et leurs passés » sont tout aussi fascinants que surprenants.

Divisés en huit chapitres, l’ouvrage présente de manière succincte les résultats de l’étude en ce qui a trait aux activités personnelles et à la crédibilité des [End Page 201] Social History sources, aux histoires familiales, au régionalisme et aux identités collectives, à l’immigration et aux comparaisons internationales. Fait intéressant, on apprend que les Canadiens, loin d’être désintéressés et apathiques, ont des rapports riches et variés avec le passé. Comme le soulignent les auteurs : « Bien que les sondages rapportent publiquement qu’un Canadien sur deux ne peut nommer le premier ministre ou ne peut indiquer la date du droit de vote des femmes au niveau fédéral, ces enquêtes ne permettent pas de saisir le véritable engagement et l’intérêt marqué du citoyen pour l’histoire » (p. 5 traduction libre). Tout au long de l’ouvrage une série de tableaux présentent au lecteur un portrait impressionnant de l’intérêt et de l’importance que les Canadiens accordent au passé et à l’histoire de leur famille, de leur pays et des autres aspects de leur vie. Ainsi, on apprend que 80% des répondants ont consultés de vieilles photographies, 78% d’entre eux ont regardé des films historiques, près de 75% ont préservé des objets ou des artéfacts, plus de 50% ont lu des livres d’histoire et un nombre presque aussi important a visité un site historique au cours des mois précédents l’enquête. Certains historiens seront peut-être rébarbatifs à l’idée que préserver des objets ou regarder un film historique constitue une activité « historique » plutôt qu’un passe-temps lié au patrimoine. Pour David Lowenthal, l’ « histoire » et le « patrimoine » sont tous deux en relation avec le passé mais le premier est issu de l’érudition alors que l’autre du catéchisme et des croyances. Ceux qui travaillent en éducation ou dans le domaine de l’histoire publique savent que de telles dichotomies sont périlleuses précisément parce que les jeunes, tout comme les adultes, apprennent l’histoire et se forgent des représentations du passé qui tirent leurs origines tant d’activités quotidiennes formatrices que de l’éducation formelle stricto sensu.

À bien des égards, les résultats de l’ouvrage confirment les tendances observées dans les autres pays sondés. Par exemple, les citoyens, ici comme ailleurs, sont plus...

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