Abstract

Cet essai a pour but d’expliquer l’utilisation de la violence littéraire et figurative dans Nedjma et, plus spécifiquement, les procédés de la représentation de la violence coloniale à travers une violence virile. Nous examinerons la manière dont l’habile démembrement de la séquence chronologique des événements historiques qui se produisent au sein du récit fonctionne en tant que moyen de reconstitution et de récupération de la propriété de l’histoire et de l’identité algériennes. Nous étudierons également la fonction de la protagoniste Nedjma, à travers son double rôle comme vestige de l’occupation coloniale de la France et comme symbole de renaissance d’une nation algérienne indépendante ainsi que dans sa relation avec le cycle de démembrement textuel et historique exprimé par la prose de Kateb. Finalement, à l’aide de l’analyse comparative de Nedjma et de Salammbô (1862), dans la deuxième partie de cet essai, on illustrera la corrélation entre ces deux figures mythiques et éthérées ainsi que leur rôle de catalyseurs indirects d’une violence fondée sur le désir. Ce travail démontrera ainsi de quelle façon Nedjma fonctionne aussi bien comme figure décadente française de la ruine, du délabrement et de l’aliénation du passé que comme symbole du renouveau et de la réaffirmation potentielle de l’identité et de l’appropriation algériennes de la culture et de l’histoire à mesure que la jeune nation lutte pour se libérer de l’oppression littéraire et politique qui trouve ses racines dans la domination coloniale française.

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