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Leonardo,Vol. 1 , pp. 179-181. Pergamon Press 1968. Printed in GreatBritain LE SYSTEME Michel Seuphor” ET LA REGLE Fig. 1. Pavane, 6 7 x 51 cm., 1963. Le systkme est au philosophe d’tcole ce que la rkgle est B l’homme senst. Le systkmetend naturellement A l’htgtmonie, B une sorte d’impCrialisme intellec- *Artiste et ecrivain habitant 83 Av EmileZola, Paris 15, France. (Rqu le 22 octobre 1967). tuel. C‘est un moule. Le systkme ne dialogue pas, il se veut monolithe et sans appel. L’affronter c’est en Ctre vaincu, c’est Ctre Cquarri impitoyablement. La rkgle, elle, n’a rien d’une machine. On la manie. On n’est pas fait par elle :elle se fait a nous, B notre usage. Elle ne prCtend pas Ctre compltte en 179 180 Michel Seuphor elle-mCme, comme fait le systi3me; elle n’est qu’un dttail de notre m a d r e de vivre, mais un dttail qui nous accompagne, nous guide. I1y a toujours moyen d’assouplir un peu la rtgle, de s’en tcarter, comme d’un chemin idtal, sans le perdre de vue pourtant. On peut lui dire: ‘peut-Ctre ...’, tandis que le systkme commande le oui ou le non sanskquivoque et sans nuance. et leur plus naturelle unitt: le tract droit horizontal . Sij’obtis a ma rkgle ce n’est pas par principe ou par aveugle soumission, mais par plaisir. Si je ne I’ai jamais delaisste depuis seize ans, c’est sans doute parce que le plaisir se renouvelle sans cesse. Je sais maintenant qu’il peut varier 9 l’infini, que le plaisir de ma regle est intpuisable (Fig. 1). Fig. 2. Rythmique, 67 x 51 cm., 1962. La ligne droite que j’ai adoptte voici longtemps et a laquelleje suis rest6 fidtle m’est une regle de vie, une sorte de pauvrett volontaire. Ce n’est pas un proctdt comme certains l’ont pu croire, car elle s’estproposte ma main en quelque sorte organiquement , au terme d’une longue tvolution de mes jeux lintaires. Ce n’est mCme pas, a proprement parler, une mtthode; plut8t la rtduction des moyens plastiques A leur plus simpleexpression, acequime parut un jour comme leur plus complet dtpouillement Ma rtgle, d’ailleurs, n’est pas trts stricte, elle ne seveut pas du tout rigide. Je ne I’appliquejamais absolument. La ligneest droite, bien sir, horizontale toujours, mais elle se veut sensible a chaque point du tract. C’est que je ne la conCois que tracte a main levte sans intervention aucune d’une regle mattrielle. Pourtant je dtsire, je veux, que le tract soit droit, le plus droit possible: la corde ne rtsonne quetendue. C’est la reglequi me guide al’inttrieur mCme de la Notes: Le Syst2me et la R2gle 181 plume; elle s’est inttgrte 8 ma main, elle est B l’intkrieur de mes doigts, elle est dans le sang qui circule dans mes doigts et dont dtcoule tout naturellement le long filet d’encre noire. Comme 8 la promenade, je m’arrete oii je veux, je laisse le ciel m’envelopper, me ptnttrer, je laisse ie temps couler pour soi sans le remplir. Et je vois que ce temps-18-lacune-st plus vivant que celui qui nous bourrons d’activitt (Fig. 2). Ma ligne n’estjamais seule,elle sejoint 8d’autres, parallkles, ses semblables. C‘est une socittC de lignes. Et ma population varie beaucoup de densitt. I1y a parfois des fetes, lorsquej’introduis la couleur au moyen de papiers collts. Mais la lumikre est fWe toujours. Elle est f&Ce parce qu’elle est prtsente, omniprtsente, et ltgkre. Elle vit entre les lignes. C’est elle qui chante. Et les lignes l’accompagnent , la soutiennent de leur modulation. Elles tempkrent la flamme. En y regardant bien, les lignes ne servent qu’8limiter l’ttendue de la lumikre, mais ce faisant elles l’tmeuvent intbieurement,elles sensibilisent le cri. 14 ...

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