Philippe Raynaud Prix Alexis de Tocqueville 2014* Château de Tocqueville, le 3 octobre 2014

Monsieur Jean-Claude Casanova, Président de la Fondation nationale des sciences politiques, Membre de l’Institut, directeur de la revue Commentaire, a remis le vendredi 3 octobre 2014 au château de Tocqueville dans la Manche le Prix Alexis de Tocqueville 2014 à Monsieur Philippe Raynaud, Professeur des Universités à l’Université Paris II, Membre senior de l’Institut Universitaire de France. Monsieur Philippe Raynaud est l’auteur de nombreuses études de philosophie politique et de droit [NDLR].

Monsieur le Président du Conseil général de la Manche

Madame la Présidente de l'Association Alexis de Tocqueville,

Monsieur le Maire de Cherbourg,

Madame le Maire de Tocqueville,

Madame le Consul des États-Unis,

Cher Philippe Raynaud,

Mesdames et Messieurs,

Le président Valéry Giscard d’Estaing, qui malheureusement ne peut pas être des nôtres lors de cette cérémonie, m'a demandé de vous exprimer ses regrets pour son absence et de vous présenter ses excuses.

Il m'a demandé, aussi, de vous assurer de sa profonde fidélité à ce prix dont, après Alain Peyrefitte, il préside le jury. Il m'a demandé de remercier le Conseil général de la Manche, auquel Tocqueville a appartenu, et son Président, Monsieur Jean-François Legrand, sans lesquels ce prix ne pourrait ni ne saurait vivre.

J'ajouterai que le Prix bénéficie de l'aide et de l'hospitalité de l'association Alexis de Tocqueville, que préside Madame Stéphanie de Tocqueville d'Hérouville, qui nous accueille aujourd’hui. Je lui redis notre gratitude, en ce lieu qui nous inspire plus qu'aucun autre.

Notre jury choisit ses lauréats tantôt en Europe tantôt en Amérique, en s'inspirant de l'esprit d’Alexis de Tocqueville, comme l'ont souhaité ses fondateurs en 1978 lorsque, à l'initiative de Pierre Godefroy, Député-maire de Valognes, et de Pierre Aguiton, Président du Conseil général de la Manche, dont le souvenir ne nous a pas quittés, il fut constitué et que furent fixées, à la fois, les règles de sa composition et les principes dont il devait s'inspirer.

Ces principes, il les tire d'une réflexion continue sur l'œuvre d'Alexis de Tocqueville. Il s'agit, en politique, « de ne servir ou de combattre aucun parti, mais de voir non pas autrement mais plus loin que les partis ».

Permettez-moi d'expliquer pour quelles raisons notre jury a choisi Philippe Raynaud,et d'abord, sans vouloir offenser sa modestie, de dire un mot de lui.

Philippe Raynaud est venu de la philosophie pour aller à la politique. C'est le chemin que Platon recommande d'emprunter et qu'il a emprunté dans nos universités pour acquérir tous les titres requis pour enseigner les deux disciplines. Si tant est qu'il faille les distinguer, puisque toute son œuvre nous convainc que la forme suprême de la réflexion en politique et en philosophie est la philosophie politique, cette tradition ininterrompue de la pensée occidentale qui nous mène de Platon à nos jours, en passant par Cicéron, Saint Thomas, Machiavel, Hobbes, Rousseau, Kant, Tocqueville et plusieurs de nos contemporains.

Tradition qui tente d'élucider les mystères de la vie des hommes en société : pourquoi vivent-ils en paix ou en guerre, comment acceptent-ils d'être commandés ou pourquoi le refusent-ils, pourquoi vivent-ils ensemble paisiblement et pourquoi se divisent-ils et s'opposent-ils? Tradition féconde et formatrice à laquelle on ne donne pas une place et un rôle suffisant et que Philippe Raynaud étudie, enseigne et illustre.

Il appartient à l'Université Paris II qui est l'héritière de l'École de droit de l'antique Université de Paris. Il a délibérément choisi d'y enseigner, pas seulement parce cette université réunit les meilleurs juristes français, disons au moins les meilleurs juristes parisiens, mais parce que le droit...