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  • Le secrétariat d’État au développement de la Région capitale (2008-2010)
  • Jeanne Chauvel (bio)

Le 26 juin 2007, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, nouvellement élu prononce à Roissy un discours fondateur d’un processus de projet urbain pour la métropole parisienne. Ce discours inaugure une série de déclarations et de décisions visant à redonner à Paris les moyens d’une ville globale dans un contexte de concurrence accrue entre métropoles mondiales1. Le développement économique de Paris est en effet essentiel pour l’Etat français, car l’économie francilienne joue le rôle de locomotive de l’économie nationale. Le 8 janvier 2008, le Président de la République fait ainsi ce constat lors d’une conférence de presse :

La situation de l’agglomération parisienne est devenue inacceptable, la dureté de la vie qu’elle impose à un trop grand nombre de ses habitants, les coûts humains, les coûts écologiques, les coûts sociaux qu’engendrent ses dysfonctionnements ne sont pas supportables. Paris doit retrouver sa vitalité, son rayonnement, son attractivité, sa créativité. Paris doit redevenir pour le monde entier le symbole d’un art de vivre, de la plus belle ville du monde.

Les constats alarmistes se succèdent en effet depuis quelques temps dans la presse sur la perte de vitesse de l’agglomération parisienne : logements trop chers et trop peu nombreux, ralentissement économique, vieillissement et inadaptation du réseau de transport, accroissement des inégalités territoriales et violences [End Page 25] urbaines manifestes et latentes dans les territoires en difficulté, etc. Dans ce contexte, il s’agit de donner à Paris les moyens de se transformer pour répondre à tous ces défis, comme elle l’a fait pendant cinq siècles : Paris a su évoluer en restant « propice à l’éclosion de nouvelles idées et à l’épanouissement de changements économiques et sociaux » (Gilli, 2014, p. 31-32-33). La ville a ainsi pu conserver son rôle de capitale mondiale où se concentrent les pouvoirs et les richesses. La capitale est en effet le centre politique du pays où se situent toutes les institutions de l’Etat central : mais c’est aussi un centre politique tourné vers le monde. Christian Lefèvre rappelle que Paris, en tant que capitale d’un grand empire colonial, a joué un rôle important au niveau international. Ceci a laissé des traces dans la façon dont la classe politique, au niveau national mais aussi au niveau local, se représente Paris et son rôle dans le pays et dans le monde. Il écrit ainsi (Lefèvre, 2011, p. 155) :

As the capital of the French colonial empire, Paris has played a powerful role at the international level. This has considerably structured the feelings the political and economic elites have of its status – that is, a de facto and de jure world city. As an example, the mayors of Paris have always chaired the international Association of French-speaking Cities, whose membership of about 150 cities goes well beyond the French-speaking countries (e.g., Cairo, Sofia, and Tbilissi are members). For many, Paris does not compete with the world because it has no need to compete; the world has always come to Paris. In a certain way, Paris has conquered the world. In the globalization era, this arrogance and self-confidence may be an obstacle to the continuation of such an international status.

Ce sentiment que Paris doit se battre pour rester attractive dans la course entre métropoles mondiales – et non pas se reposer sur ses lauriers – est omniprésent dans les discours politiques du chef de l’Etat en 2007 et 2008. Des initiatives sont donc prises pour construire un projet d’envergure, pour construire un Paris du futur. Une consultation internationale sur le Grand Paris est annoncée en décembre 2007 par le ministère de la Culture et lancée en juin 2008 : elle rassemble 10 équipes pluridisciplinaires autour d’architectes plus ou moins célèbres. Elle a pour objectif de récolter des bonnes idées qui doivent alimenter un projet d’am...

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