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Reviewed by:
  • Sociologie du tourisme by Saskia Cousin, Bertrand Réau
  • Sylvain Pattieu
Saskia COUSIN, Bertrand RÉAU. – Sociologie du tourisme. Paris, La Découverte, 2009, 126pages. « Repères ».

Saskia Cousin et Bertrand Réau sont deux jeunes chercheurs qui animent depuis 2005 un séminaire sur le tourisme à l’EHESS. Ils ont su renouveler les approches autour d’un objet de recherche qui a longtemps été l’apanage des économistes et des géographes, en privilégiant une entrée par les sciences sociales. Cet ouvrage est le fruit de cette réflexion collective et de leurs propres thèmes de recherche. Il s’agit pour eux de croiser les disciplines et de mobiliser les ressources de la sociologie et de l’anthropologie, leurs disciplines d’origine, mais aussi de l’économie et de l’histoire, pour analyser les phénomènes touristiques. Ils ne s’arrêtent pas à l’objet tourisme en soi, mais le considèrent comme « une entrée pertinente pour analyser sous un jour nouveau différents aspects des sociétés contemporaines ».

Dans cet ouvrage, le tourisme est d’abord envisagé d’un point de vue historique. Les auteurs décrivent comment, selon des mécanismes déjà bien connus, le tourisme est né au sein de l’aristocratie britannique, avant de s’étendre au XVIIe siècle dans toute l’Europe, puis de se diffuser, avec la révolution industrielle, au sein des couches bourgeoises. Ils s’intéressent ensuite à la manière de compter et classer les touristes à travers les statistiques, livrant à la fois une réflexion sur les sources disponibles et sur les évolutions de la statistique, aujourd’hui davantage fondée sur les aspects économiques, voire sur le marketing, que sur les pratiques. Le chapitre consacré à ces dernières est l’occasion de constater le creusement des écarts entre les classes sociales intéressant les vacances. Cet écart concerne à la fois la fréquence des départs, le type de vacances, la part du budget qui leur est consacrée, mais aussi le sens donné aux vacances. Les nouvelles formes de tourisme, tourisme solidaire ou tourisme des racines par exemple, et leurs contradictions, sont analysées de près, ainsi que l’augmentation du nombre des touristes non occidentaux. L’ouvrage s’intéresse également aux enjeux économiques et politiques à travers les marchés du [End Page 119] tourisme et leur encadrement, notamment dans le cadre de la mondialisation. Le rôle des élites locales, des pouvoirs publics nationaux et d’institutions internationales comme l’UNESCO qui tente de définir ce que serait un « bon » et un « mauvais » tourisme, sont minutieusement décrits, à partir d’exemples divers tirés des travaux de recherche les plus récents.

Au terme de l’ouvrage, le tourisme apparaît comme « un grand récit », présenté comme « une modalité d’échange économique et culturel respectueuse des traditions des valeurs des sociétés visitées », autour de « l’idéologie d’une société mondiale unie par sa mobilité », que les sciences sociales doivent s’attacher à déconstruire. Ce petit livre donne des pistes pour le faire, car ce précieux état des lieux de la recherche constitue une courte mais excellente synthèse, stimulante intellectuellement.

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