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  • Introduction
  • Anne Trépanier (bio) and Richard Nimijean (bio)

Le lent déclin des études canadiennes comme discipline universitaire et sa chute précipitée comme programme de diplomatie culturelle ont déjà fait couler beaucoup d’encre malgré les vaillants efforts réalisés pour tenir le champ d’études en vie1. Les pressions budgétaires, la diminution des inscriptions universitaires dans ce domaine et la décision du gouvernement fédéral de mettre fin à son soutien au réseau, à la recherche et à l’enseignement international des études canadiennes (Nimijean 2013), constituent les principaux obstacles à la viabilité de la discipline.

Si la vigueur des études canadiennes se mesure aussi par leur capacité à répondre aux préoccupations des Canadiens (Campbell 2000), le manque de participation du Québec aux études canadiennes constitue un autre défi, parent à celui du désintérêt canadien concernant les langues officielles et les minorités francophones hors Québec. Comme nous le rappelle Sangster (2007, 19), les études canadiennes consacraient au départ beaucoup d’énergie à comprendre la nation canadienne et à définir la place du Québec au sein du Canada. Elle souligne toutefois que les études canadiennes ont été, depuis, largement dominées par les Canadiens-anglais. En effet, il semble que l’intérêt pour le Québec comme sujet d’étude a diminué de façon inversement proportionnelle à l’intérêt pour les politiques de l’identité. Ainsi, bien que de nombreux universitaires canadiens francophones ou québécois participent aux études canadiennes, la Revue d’études canadiennes, publication majeure pour cette discipline, diffuse presque exclusivement des articles en anglais, bien qu’elle soit – comme le Canada – officiellement bilingue. Depuis sa création en 1966, on estime à moins de 7 % le nombre d’articles publiés en français (Wright 2007, 33). Ce déséquilibre pourrait s’expliquer par la quasi-absence des études canadiennes au Québec, où même les études québécoises, et en particulier l’histoire politique, sont en perte de vitesse (Bergeron 2007, 371; Castonguay 2007).

En mai 2012, un groupe international de canadianistes s’est rassemblé lors d’un colloque bilingue organisé par l’École d’études canadiennes de l’Université Carleton dont le thème était « Where is Québec in Canadian Studies? / La place du Québec dans les études canadiennes »2. L’objectif principal du colloque était de comprendre pourquoi le Québec avait pratiquement disparu des études canadiennes au Canada et de discuter des solutions possibles pour renverser la situation.

Les participants venant de l’étranger ont affirmé qu’ailleurs dans le monde, le Québec demeurait essentiel à l’étude du Canada. Toutefois, au Canada [End Page 15] même, il demeure que l’enseignement et la recherche liés à la fois au Québec et au reste du Canada (RdC) sont financés presqu’ exclusivement par des organisations québécoises, principalement le ministère des Affaires intergouvernementales du Québec, le ministère des Relations internationales du Québec et l’Association internationale des études québécoises (AIEQ). La diplomatie culturelle québécoise maintient ses réseaux à la fois dans le reste du Canada et ailleurs dans le monde.

Devant les phénomènes de retrait de l’appui du gouvernement fédéral aux études canadiennes à l’international et de repli sur les subventions provinciales, l’idée selon laquelle les études canadiennes devraient agir comme un pont entre les nations canadienne et québécoise se rétrécit comme peau de chagrin. Les Canadiens-anglais d’une part et les Franco-Canadiens et Québécois d’autre part vivent de plus en plus isolés les uns des autres et de plus en plus ignorants des réalités voisines. Cette perception est renforcée par les expériences que nous – deux Québécois enseignant les études canadiennes à l’extérieur du Québec, au niveau du baccalauréat, de la maîtrise et du doctorat – avons vécues. De plus en plus d’étudiants canadiens hors Québec n’ont que très peu de connaissances du Québec et de sa...

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