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  • Henry Bauchau: sous l’éclat de la Sibylle by Myriam Watthee-Delmotte
  • Metka Zupančič
Henry Bauchau: sous l’éclat de la Sibylle. Par Myriam Watthee-Delmotte. Arles: Actes Sud, 2013. 237 pp.

Myriam Watthee-Delmotte, grande spécialiste de la spiritualité dans la littérature et dans les arts, examine depuis plus de vingt ans l’apport d’Henry Bauchau à la pensée contemporaine. Sa monographie se présente non pas comme un tombeau mais comme une invitation à connaître celui qui, Belge expatrié comme malgré lui et ayant vécu en Suisse, puis en France jusqu’à sa mort, fut indiscutablement l’un des plus grands auteurs de cette période et marqua tout un siècle de sa présence (1913–2012). Watthee-Delmotte rend hommage autant à l’homme qu’à l’écrivain, parce que, chez Bauchau, les mots poétiques, censés faire réfléchir et faire progresser la conscience, puisent leur force du fait qu’ils sortent tout droit de son vécu: ‘on ne peut plus départager le vécu et la fiction’ (p. 214). S’il a été façonné et meurtri par les grands ébranlements politiques et sociétaux du vingtième siècle, il a pu ressusciter grâce à sa quête intérieure, principalement rattachée au travail psychanalytique, ce qui l’a guidé dans ses créations, soit langagières, soit à travers les formes visuelles — les deux étant confiées du vivant de l’auteur à l’Université de Louvain-la-Neuve où Watthee-Delmotte gère ce fonds d’archives. Son étude, extrêmement fouillée, est empreinte d’une connaissance incomparable de l’œuvre, de même que de sympathie pour cet écrivain préoccupé par la condition humaine, surtout celle des démunis, homme continuellement impliqué dans la réflexion sur la justice, le bien et le mal. L’essai de Watthee-Delmotte se compose de douze chapitres et propose une vision approfondie des grandes questions qui traversent toute l’œuvre. Dans un mouvement en spirale, les chapitres portent ainsi chaque fois un autre regard sur le cheminement de Bauchau, pour éclaircir les aspects variés de l’écriture du poète-romancier, pour en faire ressortir l’essentiel. Après chaque chapitre, dans un court texte en cursive, intervient une parole éternelle et féminine, celle d’une Sibylle. Après le chapitre 12, affranchissant Bauchau par le rire, cette voix qui permet à Watthee-Delmotte de s’exprimer de manière ‘familière’ en tutoyant Bauchau, résume les axes majeurs de cette vie-œuvre qui s’étend sur presque cent ans. La perception de Bauchau que nous lègue Watthee-Delmotte est celle d’un écrivain-initiateur qui, croyant ‘en la force mythopoïétiques des mythes’ et ‘en leur faculté à favoriser la créativité’, a invité ses lecteurs ‘à vivre à un niveau de vie supérieur à celui du quotidien’, et qui a écrit ‘pour approcher l’indicible et ainsi survivre’ (p. 209). La parole de Bauchau est donc celle ‘d’une remontée, d’une guérison’ (p. 210) à laquelle contribue magistralement la réflexion de Watthee-Delmotte. [End Page 125]

Metka Zupančič
University of Alabama
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