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146 lettres canadiennes 2001 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 Sermet sur l=adresse lyrique. Pour Winspur, le sujet lyrique se détermine dans la relation que sa voix entretient avec d=autres voix. Ce sont les échanges discursifs entre les différentes voix, plutôt que le rendu des sentiments, qui confèrent une force lyrique aux texte. Toutes les études ne sont pas menées avec le même bonheur. L=interprétation des correspondances sémantiques et des éléments visuels dans le * Dormeur du val +, proposée par Myriam Roy-Krepps, m=a semblé quelque peu laborieuse. De même, les lectures de Seth Whidden du poème en prose * H + et de Jean-Pierre Bobillot de l=incipit de * Mes petites amoureuses +, qui décomposent les mots et les phonèmes pour dégager plusieurs sens, ne m=ont pas toujours paru convaincantes. Au plan intertextuel, deux articles ressortent de l=ensemble. John Naughton se penche sur la lecture que fait de Rimbaud Yves Bonnefoy depuis quarante ans. Il montre que celui-ci développe certaines idées formulées par Jacques Rivière. Et il rend compte de deux mouvements rimbaldiens identifiés par Bonnefoy, qui vont du scepticisme, de l=agressivit é, de l=aliénation et du dégoût de soi au projet de voyance et à la vocation poétique. Aaron Prevots dégage, quant à lui, plusieurs affinités entre les œuvres de Walt Whitman et de Rimbaud, au point où l=on en vient à penser que ce dernier a lu les articles parus en France sur Leaves of Grass, en 1872. Les deux poètes dominent la tradition poétique dans leur pays respectif et jouissent tous les deux d=un statut quasi mythique. Ils adoptent une forme poétique nouvelle, un ton prophétique et une vision urbaine. L=importance qu=ils accordent au moment présent est perceptible à travers la série d=impressions qu=ils livrent sur le quotidien. Mais la foi au réel n=est pas la même pour le citoyen du nouveau monde et l=héritier d=une longue tradition européenne qui veut étreindre la * réalité rugueuse +. S=il faut déplorer un certain nombre de coquilles dans l=ouvrage, celui-ci n=en propose pas moins une réflexion cohérente et originale sur l=œuvre de Rimbaud, menée selon différentes approches critiques. Quelques études, parmi les plus intéressantes, participent aux relectures de Rimbaud entreprises il y a une quinzaine d=années, sous l=impulsion notamment des travaux d=André Guyaux, et révèlent que le mélange des tons doit être pris en considération pour une meilleure compréhension des textes. (NATHALIE WATTEYNE) Marc, Angenot, Colins et le socialisme rationnel Montréal, Les Presses de l=Université de Montréal, 1999, 191 p. Marc Angenot, D=où venons-nous ? Où allons-nous ? La décomposition de l=idée de progrès, Montréal, Trait d=Union, coll. Spirale, 180 p. Marc Angenot est connu et reconnu pour avoir * inventé + une théorie, dite du discours social, ce qui, on en conviendra aisément, n=est pas banal dans le domaine des études littéraires. sciences humaines 147 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 Cette théorie définit un nouvel objet, le discours saisi dans ses diverses et multiples expressions, lui-même à étudier dans une perspective nouvelle, historique et sociologique, qui s=oppose à la méthode classique d=analyse immanente des textes. À travers elle, Angenot s=affirme davantage comme historien des idées que comme spécialiste de la littérature. Cette méthode a été mise à l=épreuve sur le discours social français de la fin du XIX e siècle tel qu=on le rencontre formulé aussi bien dans la presse à sensations que dans les écrits philosophiques ou scientifiques en passant par les utopies sociales et les textes littéraires, chacun de ces sous-champs discursifs s=inscrivant dans une vaste nébuleuse donnant écho, de manière différenciée, à l=esprit du temps. Elle a permis...

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