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516 LETTRES CANAD~ENNES 1996 puisqu'il s'agit mains pour Ie juge de rendre Wl verdict objectif que de ceder ason tour au plaisir indeniable du regiement de compte. Sous la plume de Julien, Ia world beat devient« Wle melasse» qui en remet sur «Ie ' reggae du pourri» de Fran~ois Perusse. L'auteur rencherit lorsqu'il est question du western qui, dit-il, «tend toutes les flechettes qu'on pourra lancer contre elle ». Etplus loin encore:« C'est [Ie western] une forme quin'a pomf copie son Parnasse, qui ne sait pas compter ses syllabes et qui s'empetre dans ses eperons. Rimes debridees, figures lancees au galop: serait-ce Ie cheval qui guide Ie maitre?» Le produit de Celine Dion n'echappe pas non plus au commentaire de l'auteur qui cherche la frontiere entre l'imitation parodique et la personnalite vocale de la chanteuse «qui paralt s~evanouir au profit d'une creation synthetique reproductible ades milliers d'exemplaires apartir des composantes tres codees du Motown ». C'est peut-etre a travers cette critique en filigrane que se revele Ie rnieux I'unite de l'etude de Julien. L'ouverture grandissante des frontieres culturelles, en exacerbant la concurrence intemationale entre les systemes economlco-symboliques, offre a la parodie,un espace d'autant plus vaste que s'acerolt, a l'echelle mondiaIe, Ie rayonnement mediatique de la chanson. Ensuite, il y a cette« melasse» que souligne l'auteur, ce melange homogene qui accompagne la massification des cultures et ses «saucissons », bien ficeles. Elle peut s'appelerworld beat au western, elle peut aussi repondre al'appel du «bon gars» ou aceux des hynmes nationaux qui, depuis longtemps deja, comprennent l'utilite de l'uniforme en chanson. Plus que jamais donc, Ia singerie des reproducteurs de systerne est au rendez-vous. <;a valait bien une chanson! Et, bien sur, une etude surl'airdu singe! (MAURICE LAMOTHE) Gilles LapOinte, L'envol des signes. Borduas et ses Iettres Saint-Laurent, Fides - CETUQ, colI. Nouvelles etudes quehecoises, 276 p. 25,95$ Pierre VadeboncCEur, Vivement un autre siecIe! Saint-Laurent, Bellarmin, 312 p., 39,95$ La lecture interpretative de Ia correspondance de Borduas que propose Gilles Lapointe est ala fois universitaire et passionnee. Ce fut, aI'origine, une these de doctorat presentee al'Universite de Montreat en 1994, avec les qualites et les defauts du genre: au debut, par exernple, on y rend honunage a celui-ci et acelle-Ia et on discredite les autres, en I'occurrence Guy Robert et Marcelle Ferron qui, s'il faut l'en croire, inventent des histoires pou_ r se Tendre interessants, sont de mauvaise foi ou n'ont rien compris. Une fois l'eneensoir et Ie balai ranges,l'auteur entre dans Ie vif du sujet, en s'appuyant sur les principaux theoriciens du genre epistolaire, abondamment cites, ce qui garantit Ie serieux de L'envoi des signes dont Ie SCIENCES HUMAINES 517 anOr()cl1le s~crnllOl:1ql11e. Fausse de conscience », « ........."''"1,........«intentions reelles »J «ambition 'm"VeIltH)n 4cht~ZWl artiste qU.es-non»? L'auteur po,ursuit nl'\l1,..f~ln'" ~~.'A''''''''''''''''''~I son enqUiete devient la notre par perSC'IUlle ...,i-o'......... ' ...."£l.O ...,A...1·~0"'/::!O tout confort revele anous-memes a travers est Ie but pn=mler souvent inavoue de Le est admirablement soutenu du debut a la tout vers la fin de cm:tql,;le circonstances persemIlelJleS, 101Jer\t-f~Hf~S ici »; « Nous relJn:~n(lrc,nS romancier que ce savant chercheur cherchant par ses imnrl:Jvisall0I1S Ie lecteur en ..................'-1 loin: «Peut-etre d'autres leve les yeux du texte tenter de lire dans Ie cerveau Lal)OlJnte ne faire des meme s'llies .........,tS.t:!l~..... +·a avec assurance comme autant aura pu Ie croire aux necessaires J/mises au sollicite Gauvreau sait-ll? Arrive au terme de son 518 LEITRES CANADIENNES 1996 avoue que la correspondance de Borduas « garde aujourd'hui encore intacte sa part necessaire de mystere et d'aleatoire ». Alors je me dis que Lapointe s'est dorme beaucoup de mal pour en arriver lao Mais peut-etre qu'ici plus qu'ailleurs se pose la question epineuse de l'authenticite. Ne faudrait-il pas plutot lire: « Si VOliS avezune hypothese differente de la rnienne, avancez-Ia prudemment ,et preparez-vous a la defendre aussi bien que je l'ai fait ». C'est Ie conseil que je donnerais a quiconque voudrait tenter I'aventure, car ce livre est solide comme un monument, baroque par ses developpements qui nous eloignent du sujet central, classique par sa structure qui suit un plan chronologique et romantique par son gout pour les Iettres mortiferes, la folie et Ie suicide. Ce monument repose sur un sode aussi solide (theories sur l'epistolaire) qu'impressionnant (la correspondance de Borduas). Le tout illustre a merveille cette pensee du maitre de I'Autornatisme aqw il convient de laisser Ie mot de lafin:« La critique en art [...]n'a pas de valeur scientifique. [...J Et, elle sera d'autant plus valable qu'eUe sera passionnee ... ». *** Pierre Vadeboncreur croit aux absoIus: Ie beau, Ie bon qu'il recherche et decouvre dans les objets d'art qui Ie font vibrer cornme l'exprimentles mots«gloires », «apotheoses », «delectation »: «L'art de Micheline Beauchemin ne triomphe qu'en lui-meme et c'est plus une gloire qu'un triomphe, ala suite de ce qui est plus une "assomption" QU'W1 combat, bien qu'il y ait lutte et entreprise, car, en realite, on ne parvient pas aces sommets sans courage». De toute evidence, l'experience, toute personnelle, qu'il vit au contact du beau, est religieuse, presque mystique d'ou la difficulte, aujourd'hui, de la transmettre intacte a un public qui applaudit atoutes les revolutions, qui ne vit que pour Ie changement, Ie nouveau. Ce n/est pas a lui que s'adresse l'auteur, «partisan des splendeurs, refractaire aux revolutions epuisees de la deroute et de la negation, done ennemi des mentalites fin de siecle ». Sa position etant precisee des la premiere page, seuis les inconditionnels de Ia revue Liberle, ou ont paru « maints textes [...J reproduits ici », lui emboiteront, encore une fois, Ie pas. La au je Ie suis de plus pres, c'est quandil expIique comment lire un tableau, La liseuse de Vermeer, par exemple, dont il analyse plusieurs elements qu'il isole, qu'il va meme jusqu'a eliminer pour mieux faire voir ce que perdrait Ie tout en perdant une seule de ses parties. Demonstration intelligente qui fera tiquer ceux qui reduisent la peinture a des couleurs, des lignes et des formes comme si le sujet, Ie motif, l'objet referentiel n'avaient aucune importance. Demonstration qu'il poursuit avec un enthousiasme contagieux a partir de quelques tableaux d'Ozias Leduc, d'une verriere de Marcelle Ferron et des taches noires de Borduas. SCIENCES HUMAINES 519 Apres avoir Iu ces essais et d'autres de la meme encre valorisant aussi Pellan et Rodin, je m'attendais ace gu'il egratigne lE.~gerement Molinari, ce qu'll fait, bien SUf, tout en reconnaissant a son ceuvre qui manque«d'inspiration, d'imagination, d'abondance », une «rigueur» certaine. C'est ainsi qu'on va par monts et par vaux ala quete de «l'accident esthetique» qui tient du cceur, de la raison et du gout. Ce qu'on trouve est un peu flou, ala maniere de quelques tableaux de Gerhard Richter, ce qui nous eloigne de l'art pour nous rapprocher de l'artiste qui «n'est pas un artiste mais autre chose... 11 serait interessant de savoir quoi. Cela n'est jarnais precise et il est d'ailIeurs apeu pres impossible de Ie determiner. L'artiste n'est pas un artiste mais quelqu'un (ou quelque chose) de plus direct, de moins subjectif, de plus infaillible ». Pareille reflexion nous fait entrer dans Ie royaume des hypotheses, de tous les possibles, de l'irnagination debridee OU l'auteur s'accorde la permiSSion de dire presque n'importe quai: « Atout moment le crayon du dessinateur est en avance sur lui et a plus ou mains la bride sur Ie cou. Je dis par image et un peu par realite que la liberte qui l'anime est une grace.» Cette grace n'est pas donnee atous. C'est la conclusion alaquelle on arrive ala fin de ce livre qui couronne les linS (Andre VadeboncCEur et Rachel Vadeboncceur) et detrone les autres (Marc-Aurele Fortin et Melvin Charney). Question de gout. (PIERRE KARCH) Pierre Karch, Les ateliers du pouvoir Montreal, XYZ editeUf, colI. Documents, 1995, 165 p. 24,95$ II n'est pas facile de savoir OU se situe exactement ce petit livre du romancier Pierre Karch. On n'avancera pas beaucoup Ie lectem en lui disant qu'il s'agit d'un recueil d'essais sur les arts au Canada, de l'epoque de la Nouvelle France anos joms. Le titre renvoie al'idee que les arts ont longtemps servi Ie pouvoir, ecclesiastique ou civil, au Canada. Non que cela soit specifique au Canada, mais que cela a ete ala source de la plus grande partie des CEuvres aceessibles au public, sous forme de monuments, tableaux d'eglise ou autres. L'auteur s'en est tenu al'ordre chronologique, mais a eru pouvoir distribuer ses exemples en trois categories:

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