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SCIENCES HUMAINES 487 rapport aux autres. Voila en gros quelques suggestions peu couteuses et dont on ne peut nier la necessite pedagogique. Enfm, il faut tout de meme rendre hommage aFides qui a fait paraitre ces douze romans d U XIX e siecle, et des meilleurs. (REGINALD HAMEL) Miscellanees en l'honneur de Gilles Marcotte, s. la dir. de Benoit Melan~on et Pierre Popovic Saint-Laurent, Fides, 195, 442 p. . Questions d'histoire litteraire. Melanges offerts aMaurice Lemire, s.la dir. d'Aurelien Boivin, Gilles Dorion et Kenneth Landry Quebec, Nuit blanche editeur, 301 p. Deux villes. Deux universites. Deux hommes remarquables. Deux vies consacrees entierementala passion dela litterature. Etpourtant deux lieux riches de leurs divergences. II n'est rien de plus extraordinaire que la parution en echo de ces deux feitschriften en l'honneur de Gilles Marcotte et de Maurice Lemire. Ces ouvrages se distinguent non seulement par l'importance indeniable de leur destinataire respectif, mais par la qualite inusitee des textes et de la production materielle. Ce sont de beaux livres. Bien sUr, on aborde toujours ce type de recueils avec une certaine dose d'apprehension, car les louanges sont souvent al'exception de quelques pedes rares, traversees par une sorte d'ennui institutionnalise. Or, la merveille, c'est que les honneurs faits aGilles Marcotte et aMaurice Lemire echappent entierement a cette platitude. On y retrouve une fervente et profonde erudition et une merveilleuse ouverture atout ce qui touche la litterature au Quebec et ailleurs dans Ie monde. Ce qui ressort si clairement ala lecture de ces quelque cinquante textes, c'est l'importance meme de Gilles Marcotte et de Maurice Lemire dans la formation des discours critiques au Quebec. Dans les Miscellanees en . I'honneur de Gilles Marcotte, la place appartient aI'engagement intellectuel et ala fracture du discours universitaire qui ont anime ce professeur, ala fois auteur de livres marquants sur l'espace litteraire quebecois, critique dans un magazine a grand tirage, musicien et essayiste. Les Regine Robin, Pierre Popovic, Pierre Nepveu, Jean Larose, Lise Gauvin, Fran<;ois Ricard, Laurent Mailhot, Pierre VadenboncCEur, Robert Melan~on, Gaston Miron, Micheline Cambron, Andre Brochu, entre autres, qui offrent ici chacun une prestation originale, tendent, comme par osmose, a elargir Ie champ litteraire a l'ensemble social dans lequel, en tant que specialistes des discours, ils entendent intervenir. A l'inverse de ceUe « ecole critique de· Montreal)}, les Melanges offerts a Maurice Lemire refietent plutot les preoccupations d'une entreprise universitaire mains polemique, qui a permis au cours des trente dernieres annees de comprendre la litterature 488 LETIRES CANADIENNES 1996 qw§becoise par Ies mecanismes internes et externes qui l'ont formee. Les textes d'Aun~lien Boivin, de Gilles Dorion, de Kenneth Landry, de Lucie Robert, deJacgues Cotnam, de Marie-Andree Beaudet, de Pierre Rajotte, de Fernand Dumont, d'Alonzo Leblanc, de Paul Wyczynski, d'Antoine Sirois, entre autres, revelent l'autre versant, moins ouvertement ideologique, de Ia critique litteraire quebecoise contemporaine. 11 est impensable evidemment de rendre compte de chacun des textes que comptent ces deux volumes. Je me contenterai dans les deux cas de noter de maniere subjective quelques contributions qui m'ont plus particulierement frappe. Les Miscellanees en l'honneur de Gilles Marcotte s'ouvrent et se closent sur unensemble de textes de creation, parmi lesguels on trouve de superbes poemes de Pierre Nepveu, un dialogue tout afait a l'antique entreJacques BraultetRobert MeIan~on, un brefmessage d'amitie de Gaston Miron a1'« indispensable compagnon de route», une « Lettre a Wle enfant d'un autre siecle» de Lise Gauvin, et un texte absolument remarquable de Jacques Godbout intitule «Court metrage », rappelant Ie travail de Marcotte a l'Office National du Film du Canada. On est profondement touche par Ia qualite litteraire de cette offrande en amitie a celui qui a effectivement su si bien accompagner au jour Ie jour une litterature en voie «de se faire». Parmi les etudes plus conventionnelles, je note, par exemple, un article d'Alain Charbonneau sur Francis Ponge et la commande poetique, une analyse courageuse qui montre combien Ponge etait tributaire du«marche» de la poesie, tout enmaintenantune fa<;;ade anti-institutiormelle, elle aussi de circonstance. On appreciera les analyses tres fines de l'ceuvre d'Alfred DesRochers par Michel Biron et de Marcel Proust par Jacques Dubois. Cette demiere trouve sa place dans Ie regard actuel sur la Recherche du temps perdu en tant que produit d'un discours arnbiant sur la mobilite sociale et le succes au toumant du siecle. C'est sous Ie signe de l'ironie que·se placent les contributions de Jean-Fran<;ois Chassay surl'oeuvre de Rejean Ducharme et de Pamela V. Sing sur les romans de Jacques Poulin. CeUe demiere etude allie amerveille la tres grande sympathie du regard critique envers I/univers de Poulin (<< une intime mise en rapport des sensibilites ») et une distance qui seule permet une analyse critique souvent mordante. Les Miscellanees comprennent egalement quelques etudes sur le XIXe siecle quebecois, dont celIe de Louise Frappier sur Ie discours utopique chez Napoleon Aubin et surtout de Micheline Cambron sur Ie « mystere» Fran~ois-Xavier Garneau. Ce demier texte est particulierement reussi, car il incorpore tout en slen dissociant l'analyse anterieure que Gilles Marcotte avait lui-meme propose de l'Histoire du Canada de Garneau. Enfin, I'ouvrage en entier est traverse par un portrait de la solitude qui semble animer et motiver tout travail critique, toute pOSition intellectuelle sur Ie monde. Outre un discours de Marcotte lui-meme, reproduit en fin de volume, on est frappe par deux tres beaux textes convergents: celui de Georges Leroux SCIENCES HUMAINES 489 sur Glenn Gould et ceIui de Pierre Popovic sur Ia solitude et Ia qu€te de l'identite. Si tout ouvrage collectif comme celui-ci vise abriser l'isolement du chercheur, il est aussi la confirmation de sa position d'honune seuI, de« premier homme ». Les Melanges offerts aMaurice Lemire presentent upe vison plus unifiee de la litterature. C'est ceIle ici du chercheur, aIa poursuite de l'histoire et de sa reconstitution rninutieuse. Dans ce contexte,l'ensemble des textes de la premiere partie de cet ouvrage est absohunent remarquable et se lit comrne une veritable intrigue policiere. Ainsi s'y succedent les etudes proposees par Gilles Dorion sur Ie recit d'aventure au Quebec, par David M. Hayne , sur l'influence de Lamartine SUI la pensee quebecoise du XIXe siecle, par Kenneth Landry sur les recueils litteraires (les« miscellanees »!), par Helene Marcotte sur Ies concours de poesie, par Lucie Robert sur Edmond Lareau, par Roger Le Moine sur la derniere fiIle de Phillippe Aubert de Gaspe, par Jacques Cotnam sur l'enseignement des auteurs classiques durant la periode ultramontaine, par Marie-Andree Beaudet sur Jules Claretie et le , Quebec, par Pierre Rajotte sur Ie mythe et Ie discoUIs politique au Quebec, par Femand Dumont sur Edmond de Nevers et enfin Ie texte de cloture de Denis Saint-Jacques sur l'autonomisation de Ia litterature quebecoise au cours des derniers 150 ans. Parmi ces contributions, il faut noter aman avis la qualite exceptionnelle de celles de Lucie Robert, de Marie-Andree Beaudetetde Fernand Dumont. Dans ce dernier cas - sans doute l'un des derniers textes de Dumont avant sa mort -, on admire volontiers la subtilite de l'analyse des positons tout a fait timorees de Nevers sur Ie nationalisme et sur l'utopie republicaine aux Etats-Unis. On voit bien iei que la « genese du Quebec» passe inevitablement par Ia fusion avec sa destinee americaine. Marie-Andree Beaudet, quant aeIle, suit ala trace les ecrits de l'un des premiers lecteurs fran~ais de Ia litterature quebecoise, Jules Claretie, admirateur de Frechette et de Cremazie. Ce qui fait la valeur de cette etude, c'est sa comprehension synthetique de l'histoire litteraire de part et d'autre de l'Atlantique. A travers Claretie, Beaudet nous fait revivre l'alternance de passion et d'abandon qui a toujours marque les rapports entre la France et Ie Quebec. Enfin, dans cette premiere section, on lira avec beaucoup d'interet l'etude, proposee par Lucie Robert, de I'Histoire de la litterature canadienne (1874) d'Edmond Lareau. Ce qui nous aide asaisir Ie projet de Lareau, c'est bien la notion de codification du litteraire, Ie desir d'institutionnalisation des reuvres qui marquera subsequemment toute la litterature quebecoise. La seconde partie des Melanges m/a paru dans l'ensemble moins nouvelle , plus conventionnelle. nfaudrait peut-etre faire exception, cependant, de l'article d'Aurelien Boivin sur Louis Hernon, avant la redaction de Maria Chapdelaine, et de celui de Michel Lord sur Ies premiers redts d'Yves Theriault. Cette derniere analyse s'inscrira parfaitement dans la redecouverte actuelle de 1'univers de Theriault. 490 LETIRES CANADIENNES 1996 Ces deux recueils ont eterediges it l'intention de deuxhommes modestes et consciencieux. TIs leur font effectivement honneur. Atravers les textes rassembles, c'est toute une generation qui exprime envers ces travailleurs fideles sa dette et sa reconnaissance. (FRAN<;OIS PARE) Andre Vanasse, Emile Nelligan. Le spasme de vivre Montreat XYZ editeUI, colI. Les grandes figures, 201 p. Ce livre fait partie d'une collection qui propose des biographies romancees consacrees aux heros populairesdu Canadafran<;ais. CEuvre de commande, mi-reportage et mi-fiction, it la fois didactique et litteraire, ce genre de recit veut faire revivre pour un ieune public les grandes figures de l'histoire et recreer le climat d'une epoque. au commence la realite, ou finit la fiction? C'est Ie genre de questions que souleve cette categorie d'ouvrages. Pourquoi romancer une vie qui a deja ete passablement saisie, pour ne pas dire trahie, par la Iegende et l'invention romanesque? En exploitant ce filon, je ne suis pas sur que l'on fasse avancer la cause de l'histoire et, ici, celle de la litterature. UnNelligan alite attend sa derniere heure. Sous Ie regard attendri d'une religieuse de Saint-Jean-de-Dieu, il revoit une derniere fois les principaux evenements de sa vie. La scene, reprise au debut de chaque chapitre, fait Ie lien entre les episodes d'une existence partagee entre l'aventure sentimentale et la carriere poetique. Cote cceur, Nelligan est emu par les jeunes filles qu'il rencontre, mais Iorsque vient Ie moment de les revoir, illes fuit. Au contraire,lorsque Ie jeunehomme se fait plus entreprenant, c'est l'etre aime qui s'esquive. Ce jeu de cache-cache occupe une grande partie du recit qui s'appuie sur des episodes, pour la plupart inventes, et sur des portraits de personnages tantot reels (Gretchen, Fran<;oise), tantot fictus (Hilory, Ilse). Les relations de Nelligan avec ses amis et ses confreres artistes constituent I'autre versant de l'histoire. On y retrouve les principaux evenements de la carriere du poete: amities avec Arthur de Bussieres, Charles Gill et Denys Lanctot, premieres publications, relations episodiques avec l'Ecole litteraire de Montreal, participationaux seances publiques et premierprojet de recueil. Andre Vanasse prend des libertes avec certains faits. Ainsi contrairement ace qui est dit, Ie projet de preface de Dantin est posterieur a l'internement de Nelligan et l'amitie du poete avec Ie critique est plus tardive qu'il ne Ie dit, car il faut en situer l'origine en 1898 plutot qu'en 1897. Le premier recueil de Guy Delahaye s'intitule Les phases et non pas Phases. Heureusement ce genre d'erreurs n'est pas frequent et n'arien avoir avec les elucubrations pseudo-biographiques d'un Bernard Courteau. Ce sont les passages qui mettent en scene des personnages fictifs qui me laissent Ie plus perplexe. En effet pourquoi inventer une Hilory, tme Ilse ou une SceU! Marie-du-Saint-Sauveur alors que des persormes, bien n~elles ...

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