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  • La Pluie et le beau temps dans la littérature française: discours scientifiques et transformations littéraires, du Moyen Âge à l’époque moderne by Karin Becker
  • Edward Ousselin
La Pluie et le beau temps dans la littérature française: discours scientifiques et transformations littéraires, du Moyen Âge à l’époque moderne. Sous la direction de Karin Becker. Paris: Hermann, 2012. 456 pp.

Cet ouvrage collectif inclut dix-neuf articles, répartis en quatre sections: ‘Du Moyen  ge au siècle classique’; ‘Des Lumières au xixe siècle’; ‘La Littérature du xxe siècle’; ‘Le Roman de “l’extrême contemporain”’. La thématique est certes originale, comme l’indique le titre de l’Introduction rédigée par Karin Becker, qui met en parallèle ‘Discours météorologiques et discours littéraires en France’ (l’Introduction est d’ailleurs suivie par un article synthétique, d’une longueur et d’une érudition impressionnantes, sur ‘les discours sur les nuages dans la littérature française’). Selon Becker, ‘le thème de “la pluie et du beau temps” — loin d’être une “banalité” ou une “platitude” — devient en fait un sujet poétique de première importance’ (p. 18). D’autre part, le développement actuel de l’étude de ce sujet poétique est en partie dû au fait que ‘le discours météorologique “pratique” est aujourd’hui doublé par la recherche historique, sociologique, anthropologique, etc., qui étudie l’évolution de la littérature sur les “météores” depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque contemporaine’ (p. 18). Le but de ce volume est donc de dépasser la simple représentation littéraire du temps qu’il fait en tant que, par exemple, métaphore (souvent hyperbolique) ou symbole externe et visible de l’état émotionnel d’un personnage. Dans cette optique, l’appropriation par la littérature d’un discours météorologique (quel qu’en soit le niveau supposé de scientificité) ‘sert aussi à intégrer l’être humain dans le grand cycle de la nature’ (p. 43). L’argumentation est serrée et s’appuie sur de nombreux exemples, tirés de textes provenant de genres et de périodes variés. À chaque lecteur de décider toutefois si une telle approche ne revient pas en fait à une forme de ‘réenchantement du monde’, du moins dans le domaine littéraire, qui attribuerait aux phénomènes météorologiques, par définition toujours changeants, une valeur magique ou métaphysique. Comme toujours dans un ouvrage collectif, chaque article sera d’une utilité variable, [End Page 290] en fonction des domaines de recherches des lecteurs. Les contributions suivantes m’ont semblé particulièrement intéressantes: ‘L’Art d’apprivoiser le temps: les phénomènes météorologiques dans l’œuvre de Chrétien de Troyes’ par Sylvain Roustant, qui explique comment l’écrivain médiéval ‘s’est emparé des phénomènes météorologiques à des fins narratives, poétiques et symboliques’ (pp. 138–39); ‘Un 14 juillet sous la pluie: les intempéries de la Fête de la Fédération dans la littérature révolutionnaire’ par Olivier Ritz, qui analyse le paradoxe apparent de la continuité d’une symbolique météorologique à valeur quasiment oraculaire à l’intérieur du discours révolutionnaire; ‘Comme il pleut sur la ville: Verlaine et la poétique de la grisaille’ par Guillaume Gomot, qui situe la grisaille en tant que ‘figure fondatrice de l’imagination poétique verlainienne (p. 257); ‘À la croisée des temps: l’horizon parisien se révélant de la fenêtre d’Hélène dans Une page d’amour d’Émile Zola’ par Marie-Ève Laurin, qui insiste sur l’importance dans le roman des cinq descriptions de Paris à vol d’oiseau, chacune correspondant à une condition météorologique particulière; et ‘Parcours météorologique, conscience climatique chez Michel Serres et Michel Tournier’ par Stéphanie Posthumus, qui associe un philosophe et un romancier dans le cadre d’une réflexion sur l’importance du discours météorologique dans la pensée écologiste actuelle.

Edward Ousselin
Western...

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