Abstract

L'œuvre polymorphe et souvent primée de l'auteure française Anne-Marie Garat n'a pas encore fait l'objet d'une lecture globale. Notre analyse de seize romans, récits et essais publiés de 1984 à aujourd'hui révèle un scénario commun dans lequel un sujet cherchant à se recueillir fait l'expérience inverse de la dissolution. Au cœur de ces romans de dé-formation, sous les métaphores de leurs quêtes (photos d'un sexe de femme à identifier, disparition d'une épouse à élucider, contenu d'un coffre à deviner, œil mort du père à conjurer, etc.), se profile un trou noir dont la force d'attraction modèle la trame fictionnelle, creuse en elle ce siphon qui conduit les personnages d'énigme en énigme vers une obscurité toujours plus grande. Scène primitive de l'écriture de Garat, cette « étoile noire et gluante » forme une brèche dans l'imaginaire où perce le chaos du réel, l'autre face du monde. Notre article explore la manière dont cette œuvre, contemporaine dans sa référence soutenue à d'autres formes de représentation (la photographie, le cinéma, la peinture) aborde aux limites du langage cet « envers du décor » et se constitue comme littérature dans une expérience sans cesse renouvelée de l'indicible.

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