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Book Reviews169 Saigal, Monique. Héroïnes françaises, 1940-1945. Courage, force et ingéniosité. Monaco: Editions du Rocher, 2008. Pp 220. ISBN 978-2-26806438 -3. €17. Du 26 juin 2001 au 17 juillet 2003, Monique Saigal est partie à la rencontre de dix-huit résistantes afin de recueillir leur témoignage. De ces entretiens est né un livre, Héroïnes françaises, qui se divise en dix-huit chapitres complétés d'une préface écrite par Henri Weill, d'une introduction, d'un hommage à sa grand-mère, et d'un chapitre intitulé « Moyens de survie ». Dès l'épigraphe, le lecteur comprend que le livre que Monique Saigal a écrit lui tient énormément à cœur, chargé qu'il est d'une émotion non-contenue. Dédié à sa grand-mère, morte gazée à Auschwitz en octobre 1942, il constitue un hommage à toutes celles qui ont refusé de se soumettre à l'occupant et ont dès lors décidé d'entrer dans la clandestinité en participant à des actions dont les conséquences pouvaient être létales. D'un témoignage à l'autre, on retrouve l'altruisme, la solidarité, le courage, la dignité, la persévérance, autant de qualités qui caractérisaient ces femmes de l'ombre. On y rencontre aussi les activités auxquelles les résistantes participaient activement, rédaction et distribution de tracts, adhésion aux réseaux, création de journaux clandestins, organisation de parachutages, mises en œuvre d'évasions. Pour certaines de ces dix-huit résistantes, la malchance voulut qu'elles se fassent arrêter, et plus de soixante ans après les faits, on ne peut s'empêcher de ressentir un malaise et un mal-être indicibles à la lecture de leur témoignage comme, par exemple, celui de Noëlla Rouget, déportée à Ravensbriick. Nonobstant le devoir de mémoire que perpétue et encourage ce livre, pour qui s'intéresse à cette période, et notamment à la Résistance, le lecteur est en droit de se demander quel est le public visé par ce livre ? Vu la tonalité de l'ensemble, on peut supposer qu'il ne s'adresse pas à des spécialistes, avec tous les malentendus et les imprécisions que cela suppose. Ceci est particulièrement sensible pour ce qui entoure les dix-huit témoignages, à savoir la préface, l'introduction et le demier chapitre. La préface d'Henri Weill comporte certaines phrases qui demandent à être explicitées. Par exemple, il remarque à juste titre, que «parmi les 1038 Compagnons de la Libération, il n'y a que six femmes » (12). Que l'on trouve à redire à l'iniquité d'une telle représentation est tout à fait logique ; cependant, ne pas ajouter que cette décision fut prise par le Général de Gaulle en 1946 dans un contexte historique très particulier, annonce un parti pris de mauvais aloi dû à un glissement temporel vers une contemporanéité permettant de s'offusquer de cette absence de parité. L'introduction présente les mêmes défauts lorsque Monique Saigal déplore l'absence de femmes résistantes dans le Dictionnaire historique de la Résistance, puisqu'elles ne sont que trois à y figurer. Cet exemple unique est-il bien représentatif de la représentation de la femme dans la Résistance, comme semblerait le laisser croire cette constatation? Ici, nous sommes dans le domaine des idées reçues, puisque les femmes ont, dès le début, témoigné et fait 170Women in French Studies l'objet de publications. Dénoncer l'absence de représentation de la Résistance des femmes dans un dictionnaire sans ajouter que leurs témoignages ont non seulement été très tôt publiés, mais décrits, sinon étudiés, est à nouveau troublant pour qui connaît un tant soit peu ce sujet. Enfin, dans « Moyens de survie », le lecteur assiste à une curieuse division des sexes dans leur rapport à la résistance. On y lit des jugements où il ressort que les femmes sont « encore plus résistantes à la douleur et à la torture que les hommes » (203), comme si...

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