Abstract

Combinant romans, nouvelles, poésie, livres pour enfants, récits légendaires et un texte-témoignage sur le génocide rwandais, l'oeuvre de Véronique Tadjo brouille les frontières entre les genres littéraires, les lieux et les temps. Née à Paris, élevée à Abidjan, vivant actuellement en Afrique du Sud, Tadjo élabore au fil de ses écrits une conception de l'altérité tout à la fois lyrique et concrète, à contre-courant des idéologies rigides et déshumanisantes véhiculées par certaines théories raciales, ethniques ou culturelles. Son roman Champs de bataille et d'amour (1999), qui s'articule autour d'un couple mixte vivant dans une grande ville africaine contemporaine, illustre de manière particulièrement éloquente cette résistance à tout dogmatisme destructeur. Dans ce roman, Tadjo privilégie une conception de l'être humain ou du « prochain » comme « inenglobable » selon les termes du philosophe français Emmanuel Lévinas, nous obligeant constamment à douter de toute définition préconçue de « l'autre », qu'il soit étranger ou familier. En mettant en valeur les doutes et déchirements vécus par des personnages confrontés à la réalité, faite de violence et de beauté mêlées, d'une grande ville africaine, mon étude vise à montrer que Champs de bataille et d'amour illustre non seulement la nécessité de rejeter toute idéologie raciale en faveur d'une ouverture à l'humanité fondamentale, mystérieuse et « inenglobable », des « autres » mais aussi les ressources inépuisables, cycliques et régénératrices, des rapports humains et de la nature.

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