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Book Reviews143 D'un point de vue d'histoire littéraire, Sandrine Aragon a su parfaitement délimiter trois périodes qui marquent l'évolution des images de lectrices et des modalités de leurs lectures, parallèlement au contexte historique qui voit la progression de l'alphabétisation féminine. L'ouvrage est divisé en trois parties correspondant chronologiquement à ces trois périodes. La première, qui étudie les images de lectrices de 1656 à 1716, est placée sous le signe de la lecture en société, et introduit un thème central pour la formation du lectorat féminin en France, celui du discours conservateur sur les prétendus dangers de la lecture féminine. La seconde examine les variantes du discours pédagogique des Lumières sur l'éducation féminine de 1727 à 1802, et met corrélativement l'emphase sur le phénomène de la lecture à deux. La troisième trace dans la période qui va de 1802 à 1856 une progression de l'autonomie de la lectrice, apparente notamment dans l'expansion des lectures solitaires. La première partie est remarquablement riche et diversifiée sur les précieuses, les lectrices galantes, les vierges folles et les personnages de lectrices des romans de jeunesse de Marivaux. Elle insiste moins sur le phénomène plus connu des femmes savantes, et analyse en détail les lectrices qui sont aussi héroïnes de contes de fées. La seconde partie détaille les caractéristiques de la lectrice moderne selon La Seconde Surprise de l 'amour, puis selon les romans libertins d'avant et d'après 1764. Sandrine Aragon étudie de façon convaincante les rapports entre lecture et séduction, et analyse avec finesse les œuvres célèbres de Rousseau et les romans par lui inspirés. Enfin, le roman de l'émigration, souvent négligé, est particulièrement bien étudié dans le contexte du libéralisme social de 1789. La troisième partie examine les personnages de lectrices conformistes et transgressives dans la noblesse et la haute société, l'émergence des lectrices populaires, et le poids du modèle religieux chez Balzac et Lamartine. Le dernier chapitre est consacré à une analyse du personnage d'Emma Bovary, qui incarnerait « la réunion de tous les vices des lectrices ». On ne peut que vivement recommander un tel ouvrage, autant pour la richesse du matériel considéré que pour la clarté et la subtilité des analyses. Christophe IppolitoUniversity of the Pacific Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot et Jacques-Guy Petit, Eds. Femmes et justice pénale : XIXE-XXE siècles. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2002. ISBN : 2-86847-751-8. Pp 375. 20 €. Ce recueil d'essais de qualité inégale, divisé en quatre parties, dénonce dans un premier temps un monde féminin et pénal qui, s'il risque de surprendre, ne manquera pas d'instruire. Qu'il s'agisse, au début du XXe siècle, de la domestique voleuse, la fille-mère infanticide, la prostituée ou l'esclave du sud des Etats-Unis coupable de vouloir s'alphabétiser, ce ne sont pas tant les actions des « criminelles » qui peuvent choquer, mais plutôt les conséquences de leurs actes. Parfois, la punition que ces actions entraînent paraît d'une sévérité démesurée, mais parfois, d'une clémence surprenante. Il s'avère que 1 44Women in French Studies plus la punition requise par le système pénal est sévère, plus les jurés se montrent cléments et compréhensifs, se laissant toucher par les circonstances atténuantes des accusées. Considérée comme une victime de la société, une infanticide sans ressources financières, de surcroît abandonnée par le père de son enfant, recevra une peine moins lourde qu'une femme mariée qui est censée représenter la plénitude maternelle et dont le crime est perçu comme monstrueux. Ce phénomène n'est pas propre à la France, puisqu'il s'observe notamment en Belgique et au Canada. Si la...

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