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  • Jacques Ferron. Le médecin, le politique et l’écrivain, and: Le livre des fondations. Incarnation et enquébecquoisement dans Le ciel de Québec de Jacques Ferron, and: Jacques Ferron hors Québec/Jacques Ferron Outside Quebec
  • Jimmy Thibeault (bio)
Marguerite Paulin, Jacques Ferron. Le médecin, le politique et l’écrivain, Montréal, XYZ éditeur, coll. Les grandes figures, 2006, 168 p., 18$
Jaques Cardinal, Le livre des fondations. Incarnation et enquébecquoisement dans Le ciel de Québec de Jacques Ferron, Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2008, 204 p., 24$
Jacques Ferron hors Québec/Jacques Ferron Outside Quebec, s. ladir. de Betty Bednarski et Ray Ellenwood, Toronto, Éditions du Gref, coll. Lieux dits, 2010, xii-315 p., 39,95$

Jacques Ferron représente sans aucun doute une des figures les plus importantes de la littérature québécoise du XXe siècle. Celui qui portait fièrement le titre d’illustre Éminence de la Grande Corne, fondateur du Parti Rhinocéros et auteur de certains des plus grands textes de la littérature québécoise, a effectivement su marquer, à sa manière, l’imaginaire du Québec et du Canada. Pourtant, derrière ce personnage public, figure forte issue du peuple, se trouvait un homme plutôt discret qui était aux prises avec l’angoisse de la mort et de la misère qui avaient d’abord marqué son enfance et qu’il avait ensuite fréquentées dans son métier de médecin. C’est de cette figure d’homme troublé que Marguerite Paulin propose de tracer le portrait dans son court « récit biographique » Jacques Ferron. Le médecin, le politique et l’écrivain.

L’auteure pose son récit sur la base d’un désenchantement qu’aurait vécu Jacques Ferron lorsque, au début de sa carrière de médecin, il décide de s’installer en Gaspésie. Un moment important dans la vie de Ferron puisqu’il y fera le constat de la misère humaine et, ce qui est peut-être encore plus déterminant, de son impuissance face à la souf-france du peuple. Pourtant, à son arrivée en Gaspésie, le docteur Ferron perçoit son travail « comme une croisade contre la misère sociale, véritable cause des maladies qui prolifèrent, de l’humiliation des pauvres ». Après deux ans, Ferron, exténué, ne peut plus rester en Gaspésie parce qu’il n’arrive pas à survivre lui-même, donc à aider les autres : il est persuadé que le gouvernement de Maurice Duplessis lui a coupé ses primes en raison de ses positions politiques. Si le travail est difficile, que la mort est omniprésente dans sa vie et que sa propre santé semble le quitter, Ferron n’en découvre pas moins, au contact des gens du peuple, de leurs récits et de leurs chansons, ce à quoi il consacrera une partie de sa vie : l’écriture.

À partir de ce passage en Gaspésie, Marguerite Paulin tisse la toile de la vie de Ferron en tentant de comprendre le rapport qu’il avait au monde par le récit de ses sentiments, de ses expériences d’homme en marge de sa présence public. Ainsi, c’est moins l’auteur ou le politicien [End Page 429] connu qu’on retrouve tout au long du récit que l’écrivain qui doute constamment de son écriture en même temps qu’il se perçoit impuissant à guérir les maux qu’il dénonce en tant que politicien. Une impuissance que Paulin fait remonter à l’enfance et, plus particulièrement, à la mort de la mère du jeune Ferron, qui se voyait alors investi d’un devoir familial à l’égard de son frère et de ses sœurs. Un devoir qu’il prend d’autant plus à cœur qu’il constate que son père, le notaire Ferron, partisan du « mauvais » parti politique, ne se remet jamais tout à fait de la mort de sa femme et qu’il perdra toute notoriété sociale. Malgré tout, le père envoie son fils aîné faire ses...

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