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  • L'Antiquité travestie et la vogue du burlesque en France (1643-1661)
  • Guillaume Peureux
L'Antiquité travestie et la vogue du burlesque en France (1643-1661). Par Jean Leclerc. (Les Collections de la République des Lettres). Québec: Presses de l'Université Laval, 2008. vi + 362 pp. Pb CA$39.95.

L'Antiquité travestie et la vogue burlesque en France (1643-1661) de Jean Leclerc offre des lectures nombreuses, minutieuses et stimulantes qui donnent au lecteur l'opportunité de retrouver certains travestissements célèbres mais aussi de découvrir de nombreuses œuvres méconnues. Dans un style ferme et précis, l'histoire du travestissement burlesque, phénomène àla fois familier et mal connu, y est enfin faite. Leclerc l'appré hende comme une veine ou un registre, comme une 'aberration' (p. 231) qui aurait sa place dans le système de la littérature de son temps. La première partie du livre montre comment le burlesque s'est inscrit dans le canon de l'époque: un climat intellectuel et politique favorable et le goût du 'badinage' (p. 39) expliquent l'émergence de cette production. En établissant une chronologie serrée des parutions entre 1648 et 1653, Leclerc fait apparaître une passionnante 'course aux Virgiles' (p. 74) entre auteurs et éditeurs qui se conclut par le rejet bien connu de ce style après la Fronde, qui cède la place àun burlesque mondain (p. 118) et donne lieu à l'apparition de nouveaux travestissements (Homère, Juvénal, Ovide), ainsi qu'à une écriture parodique de moins en moins fidèle (Perrault). La seconde partie du livre présente une poétique du travestissement burlesque. Leclerc propose une stimulante analogie entre ses objets et les 'belles infidèles' contemporaines, les paraphrases de psaumes, les amplifications et l'hypotypose: le travestissement burlesque serait une collaboration entre un auteur ancien, un auteur moderne et le lecteur, un 'miroir déformant de l'imitation classique' (p. 218), une exploration des contestations possibles, et non une production marginale et rebelle. Dans la troisième partie, Leclerc montre que les auteurs burlesques ne se [End Page 89] contentaient pas de renverser le contenu noble des textes anciens: ils en articulaient les matériaux trivial et sublime. Il offre ainsi une redéfinition du style héroï-comique comme veine hybride qui assurait l'intégration d'un corpus ancien et vénéré dans une culture moderne mondaine. Par son érudition et sa précision, et par sa thèse, convaincante, ce livre est essentiel pour qui veut connaître le burlesque en France au dixseptième siècle. Deux questions et un regret émergent pourtant: l'inscription de cette poésie dans une poétique plus générale empêche-t-elle de prendre au sérieux la possibilité d'une contestation? Quelle pouvait être la place du burlesque dans les carrières de certains auteurs, dans la publication de compétences lettrées, par exemple? Et l'on aurait aimé que Leclerc prît le temps de montrer comment s'opérait la collaboration qu'il envisageait entre lecteurs et auteurs. Cette étude, enfin, suscite une piste de travail: certaines formes de comique et les jeux avec la versification identifiés par Leclerc comme burlesques font partie d'une histoire plus large du comique dont les poètes satyriques et la littérature facétieuse des premières décennies du dix-septième siècle constituent un réservoir dans lequel puisèrent abondamment les auteurs étudiés dans cet ouvrage. Pourquoi ne pas intégrer le burlesque et les travestissements dans une histoire de l'idiotie (voir Jean-Yves Jouannais, L'Idiotie. Art, vie, politique: méthode (Paris: Beaux-arts, 2003)) dans l'Ancien Régime?

Guillaume Peureux
University of California, Davis
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