Abstract

La coutume de rancônner les captifs anglais aux mains des amérindiens alliés à la Nouvelle-France est un des aspects le plus infâme de l'histoire de la frontière canadienne, surtout dans les histoires anglophones. Ces histoires, qui se penchent principalement sur les récits écrits par les captifs libérés, attribuent aux français et aux amérindiens une mentalité mercenaire. Ce papier situe les racines de cette coutume dans l'histoire de la diplomatie franco-amérindienne. Cette diplomatie était un processus de négociation entre la culture politique des amérindiens, dans lequel la prise des prisonniers de guerre, soit guerriers, soit femmes et enfants, était un élément essentiel de la vie communautaire aussi bien que la diplomatie des tribus bien avant qu'arrivent les français; et la culture politique des européens, où les prisonniers de guerre sont des soldats pris au profit personnel ou pour faire des échanges. En relisant les récits des captifs, on peut voir que leurs rançons sont un compromis entre les traditions amérindiennes et européennes qui ne plaît pas tellement ni à l'un ni à l'autre. Le gain financier est la manifestation, et non pas la motivation, de leur alliance.

pdf

Share