Dictionnaire Nerval (review)

Que les Nervaliens du monde se réjouissent: à l'instar du Dictionnaire Baudelaire, œuvre de Claude Pichois et Jean-Paul Avice parue chez le même éditeur en 2004, le Dictionnaire Nerval remplit une lacune dans la recherche nervalienne en mettant ensemble presque tout ce qu'on aimerait savoir sur la vie du poète ainsi que les grands thèmes de sa vie et son oeuvre. Ce fut au colloque "Le Surnaturalisme français: de Baudelaire au Surréalisme" qui eut lieu au Centre W.T. Bandy de l'Université Vanderbilt il y a déjà 30 ans que Claude Pichois décrivit pour l'auteur de ce compte-rendu l'état déplorable où se trouvait la critique nervalienne de cette époque: à savoir fautes de transcription, omissions, déformations, situation qui nécessita de gros travaux à la collection Louvenjoul de Spoelberch à Condé, ce qui se fit évidemment avant la parution de la nouvelle édition de la Pléiade des OEuvres complètes de Nerval en 1989 (tome i), 1984 (tome ii) et 1993 (tome iii).

Le Dictionnaire Nerval s'organise autour de détails biographiques: Naissance, Mère, Enfance, les parents Labrunie (paternels) et Laurent (maternels); la tante Jeanne Lamaure, épouse du frère du docteur Labrunie, père de l'écrivain, à qui Gérard aurait laissé la note funeste la nuit où il se suicida, "Ne m'attends pas ce soir car la nuit sera noire et blanche"; le grand-oncle et parrain, Gérard Dublanc, dont Nerval porta le prénom, et le grand-oncle maternel Antoine Boucher; Domiciles (nombreux, car Gérard fut un être errant); Evénements, tels le journal subventionné par l'héritage de Nerval – Le Monde dramatique – et Le Carrousel, échecs tous les deux, pareils dans leur sort à certaines pièces de théâtre (e.g., L'Imagier de Harlem, la Dame de Carouge et le Chariot d'enfant); Internements et crises; Amour, manifestement non-réciproque, de l'actrice Jenny Colon, mais aussi son amitié avec Stéphanie Houssaye, épouse de son ami Arsène, qui selon Jean Guillaume aurait prêté ses traits à Aurélia et qui décéda prématurément en décembre 1854, un mois avant le trépas du poète, et Marie ou Camille Pleyel. Il y a Voyages, Sexualité, Héritage; Endroits chers à Gérard dans le Valois tels Senlis, Mortefontaine et le Clos de Nerval; proches, collaborateurs, dont les principaux furent Alexandre Dumas, Bernard Lopez et Joseph Méry; Mort et Obsèques. Parmi les grands thèmes de l'oeuvre nervalienne on y trouve Voyages (en Allemagne, en Orient, en Flandre, en Hollande, en Angleterre; au Caire et à Vienne, pour n'en nommer que les plus importants); les deux Faust de Goethe et les traductions de Nerval de 1828 et 1840, ainsi que le fragment d'un manuscrit de Nerval à ce nom); Pauvreté; Rêves; le Souvenir; Postérité. Cette liste ne saurait pas être exhaustive.

Mêlées aux indications thématiques se trouvent les oeuvres de Nerval ellesmêmes, des plus discutées au moins connues, parmi lesquelles Les Filles du feu, Aurélia, Les Chimères, Léo Burckhardt, le Marquis de Fayolle, les Faux Saulniers et Lorely. La Critique dramatique rédigée par Nerval, peu connue, constitue un corpus de près de 700 pages, de loin plus grand que ses sonnets, ses contes et ses pièces de théâtre mis ensemble. Les auteurs soulignent que Nerval travailla comme feuilletoniste non par choix, mais afin de survivre, sa pauvreté étant proverbiale.

Les proches de Nerval méritent une discussion à part, à commencer par Théophile Gautier, son grand ami du Collège royal de Charlemagne qui lui conserva son amitié tout au long de la vie, et ceux qui vécurent avec Gérard la bohème de l'impasse Doyenné, où il habita avec Camille Rogier et Arsène Houssaye de la fin 1834 jusqu'en...