In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

"Tout ange est terrible" (À propos des articles nécrologiques sur Hervé Guibert) Jean-Pierre Boulé MA PROBLÉMATIQUE EST LA SUIVANTE: que ressort-il des articles nécrologiques sur Guibert et, par conséquent, quels messages idéologiques se cachent derrière ces articles à travers la grille de lecture que représente la thématique de la contamination?1 Notre analyse se limitera aux articles parus en France, à la fois dans les grands quotidiens parisiens et dans les hebdomadaires ainsi que l'Infini (bien que de nombreux articles nécrologiques soient parus dans la presse régionale et dans la presse étrangère) car bon nombre d'autres facteurs seraient alors à prendre en compte, tels que la réception de son œuvre à l'étranger, les signataires de ces papiers, les sources des informations sur lesquelles sont basés ces articles, etc. Mon analyse proposera une des facettes de la représentation de la contamination dans la culture populaire telle qu'elle est véhiculée par les media et notamment les journaux. Il est évident que pour un auteur comme Hervé Guibert, il y aurait tout un travail à faire sur les représentations de la contamination dans l'œuvre per se. Quels leitmotivs apparaissent? Quel portrait de Guibert est brossé? Quelles œuvres sont le plus souvent citées? Les articles nécrologiques sont souvent révélateurs de l'opinion publique sur un auteur et ils nous aideront à démasquer l'idéologie de la contamination qui se cache derrière des textes qui sont censés être un "hommage" à la vie et à l'œuvre d'un écrivain. Je vais tout d'abord analyser titres, chapeaux et légendes de photos en m'appuyant sur l'argumentation de Garcia selon laquelle ceux-ci "sont rédigés, parfois très rapidement, par les secrétaires de rédaction et [...] paraissent un bon indicateur de la représentation commune de l'écrivain".2 Le nombre des articles analysés est de quinze. Parmi les gros titres, le nom d'Hervé Guibert est cité par plus de la moitié des articles étudiés (1, 2, 4, 5, 8, 11, 15) et parmi les chapeaux, par cinq autres articles (3, 6, 9, 12, 13), seuls Le Monde et Libération ayant des titres à la Une, Le Monde ayant également une amorce en première page. Les termes génériques qui reviennent le plus sont ceux d' "écrivain" (2, 3, 6, 8) ou de "grand écrivain" (11), suivis par "romancier" (7, 13) et "auteur Vol. XXXVII, No. 3 61 L'Esprit Créateur d'une oeuvre" (1, 14), Le Monde étant le seul à mentionner le fait que Guibert avait tenu la rubrique photo dans ce journal. Les signataires des articles sont le plus souvent des réguliers (exemple 11, 12) bien que certains ne soient pas signés (6); d'autres font intervenir des écrivains établis, comme Hector Bianciotti, également directeur de collection chez Gallimard et une des plumes du Monde [des livres], Jean-Marc Roberts (5) et Jean-Michel Michelena (15). Le titre des ouvrages de Guibert qui revient le plus souvent est Λ l'ami qui ne m'a pas sauvé ¡a vie (l, 2) suivi du Protocole compassionnel (1) et de L'Homme au chapeau rouge (4). On trouve également des extraits du Protocole compassionnel (1, 2). Cette connivence avec le lecteur montre bien une certaine hiérarchie des livres de Guibert par rapport à ses lecteurs avec notamment À l'ami. Que Guibert ait écrit plus de 20 ouvrages ne semble pas compter; ce qui compte, c'est le livre où il parle du sida sous une minuscule couche de fiction . La Mort propagande est utilisé comme chapeau (1) et il y a également deux titrailles: "Une mort annoncée" (6) et "La mort aveugle" (13). Le fait que Guibert soit mort à l'âge de 36 ans est souligné par les titres ou chapeaux de sept articles (1, 2, 3, 4, 6, 7, 8) et le fait qu'il soit mort du sida par deux tiers des titres ou chapeaux des articles (1, 2, 3, 4, 7, 8, 11, 12, 13, 14). Bon nombre de ces titres ou chapeaux se servent d...

pdf

Share