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Reviewed by:
  • La légitimité de l'État et du droit: Autour de Max Weber
  • Kavin Hébert, Ph. D.
Michel Coutu et Guy Rocher (dirs.) La légitimité de l'État et du droit: Autour de Max Weber. Québec: Presses de l'Université Laval, coll. Pensée allemande et européenne, 2005, 384 p.

Bien qu'Économie et société de Max Weber soit aujourd'hui un classique largement commenté des sciences sociales, on est encore bien loin d'avoir épuisé tout le potentiel que nous offrent ses concepts pour l'analyse sociologique. Par contre, certains diront que l'approche idéal typique de Weber rend difficile, voire impossible, l'usage de ses « concepts [End Page 148] fondamentaux » à l'extérieur d'une perspective historico-comparative. D'autres diront que la prédominance des interprétations parsonienne ou habermasienne d'Économie et société dans le discours des sciences sociales aujourd'hui n'a fait que renforcer notre appréciation négative de la démarche méthodologique wébérienne et qu'ajouter au discrédit du caractère « amorphe » de ses concepts sociologiques.

Les articles rassemblés par Michel Coutu et Guy Rocher dans cet ouvrage collectif nous montrent que si le caractère « amorphe » des concepts wébériens—plus précisément celui de légitimité—présente un obstacle pour l'analyse sociologique, il est néanmoins possible de les extraire « de la brume confuse » dans laquelle ils baignent de façon à préciser leur contexte, leur sens et leur portée. Il s'agit pour Coutu et Rocher de défendre la nécessité d'une réflexion centrée autour du concept de légitimité « pour qui veut comprendre les rapports existants entre la sphère de la politique et du droit » (p. 2) et qui, du même coup, a le mérite de réactualiser une notion qui a été trop malmené par les interprétations devenues canoniques de Peter Berger et de Jürgen Habermas. Les études rassemblées dans cet ouvrage tentent de nous convaincre de l'utilité de cette notion à la fois dans le cadre de la sociologie empirique du droit, de la sociologie politique et de l'histoire de la pensée politique et juridique. On retrouve des articles qui se distinguent par leur érudition historique en approfondissant des aspects peu connus de l'histoire de la réception de la pensée wébérienne (chez Sinzheimer, Jellinek, Thoma, Kelsen et Schmitt). D'autres articles préfèrent mettre l'accent sur l'analyse de la réalité contemporaine que cela soit dans le domaine du droit (droit public, droit constitutionnel, droit du travail) ou dans l'étude des institutions (politiques, religieuses ou juridiques).

À défaut de pouvoir commenter les articles dans leurs moindre détails, je dresserai une synthèse des trois éléments de discussion sur lesquels les auteurs se positionnent: la notion de légitimité, l'apport de l'oeuvre wébérienne à la sociologie du droit et le problème des droits subjectifs.

(1) La principale difficulté qui affecte la notion de légitimité réside dans son caractère trop subjectif, normatif et relatif. Pour y remédier, Barbara Thériault est d'avis qu'on ne saurait définir ce concept qu'en rapport à la seule croyance ou la représentation que se font les acteurs à l'égard d'un ordre légitime (p. 182), comme si sa stabilité ne s'obtiendrait que par le consentement pur et simple de ses adhérents. Certes, un des éléments fondamentaux qui caractérise un ordre légitime consiste en « l'existence d'une perception qu'ont les individus du caractère obligatoire attaché à un ordre » (p. 198) comme nous le fait remarquer Caroline Gendreau. Mais ce n'est pas le fait qu'une prescription soit observée qui assure sa validité empirique, mais que « certaines activités soient orientées en fonction d'elle » (p. 198-199). La légitimité doit être comprise comme un concept sociologique qui, selon Thériault, est « intimement lié à l'activité sociale de certains acteurs » (p. 183) et qui relèverait du travail d...

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