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  • The Lisbon Earthquake of 1755: Representations and Reactions
  • Gérard Lahouati
The Lisbon Earthquake of 1755: Representations and Reactions. Edited by Theodore E. D. Braun and John B. Radner . ( SVEC). Oxford, Voltaire Foundation. 2005. xiv + 342 pp. Hb £65.00; $125.00; € 99.00.

Combien de morts lors de la destruction de Lisbonne, le 1 novembre 1755, jour de la Toussaint? Comment ce tremblement de terre (d'une magnitude de 8.5 à 9), suivi d'un triple tsunami et d'incendies dévastateurs, a-t-il été interprété? Avertissement divin? Déchaînement de forces aveugles? Effet de la mécanique terrestre ou des forces électriques? A l'occasion du 250e anniversaire de l'événement, et en écho aux ravages du tsunami du 26 décembre 2004, ce recueil d'articles montre, de façon passionnante, comment ce tremblement de terre est devenu la première catastrophe naturelle européenne en cristallisant les débats théologiques, scientifiques, politiques, esthétiques et moraux. Véritable 'onde de choc philosophique', cette catastrophe a provoqué une quadruple mise en question dans les relations des hommes à la nature, à la divinité, à la foi et au 'savoir rationnel'. Les termes du sous-titre indiquent les axes qui organisent ces réflexions regroupées selon deux dimensions (géographique et temporelle). Un 'Avant-propos' de M. Delon, une 'Introduction' des éditeurs qui analysent les enjeux de la catastrophe et de ses représentations, précèdent dix-huit articles (douze en anglais, six en français) qui utilisent l'histoire, la philosophie, la sociologie, la sismologie et les sciences politiques, pour réévaluer les dommages causés, analyser les représentations du phénomène, étudier les modes de diffusion de l'information et définir le rôle de Pombal dans l'organisation des secours. 'Relations', mémoires, poèmes, drame héroïque, articles de presse, lettres privées ou publiques, analyses scientifiques, concours académiques, sermons, journaux: de très nombreux témoignages portugais, espagnols, français, suisses et anglais sont analysés. Entre science et métaphysique, entre émotion et réflexion, il s'agit de comprendre comment représenter l'horreur par des mots et des images. De Voltaire à Casanova, de Le Franc de Pompignan à Louis Sébastien Mercier, de l'obscur Jean-Henri Marchand à Sade, de Le Brun à Madame de Genlis, de la presse française à Kleist et aux écrivains portugais contemporains, si le parcours n'est pas exhaustif, à partir d'une épistémologie de l'événement, ce volume dessine une anthropologie des Lumières, dans la volonté des hommes de ce temps de décrire l'effroi, de partager et de soulager les souffrances, de rechercher les causes du phénomène et de reconstruire la cité ravagée. Une seule approche peut sembler un peu surprenante, quand G. Lariochelle [End Page 116] reproche à Voltaire de ne pas s'être senti concerné par le sort dramatique des dix-mille Acadiens déportés en 1755. Comme aujourd'hui, on relève déjà des ambiguïtés dans l'exploitation journalistique de l'événement, quand, par exemple, les gazettes françaises s'abstiennent d'interroger la providence (on comprend mieux alors la force des questions de Voltaire). Deux siècles et demi plus tard, ce livre peut être lu, paradoxalement, comme un témoignage d'espoir: le cataclysme ravageur a donné naissance à une nouvelle Lisbonne, à un nouveau Portugal et à une nouvelle anthropologie des Lumières. Complété par six reproductions de gravures, une bibliographie et un index, cet ouvrage articule analyse des émotions et réflexion intellectuelle, destins individuels et catastrophe collective. Ce tremblement de terre apparaît donc bien comme un événement fondateur.

Gérard Lahouati
Université De Pau
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