In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Une ouverture . . .
  • Andrew Woolford, Bryan Hogeveen, and Joane Martel

Réunir un ensemble hétéroclite de chercheurs sous la bannière de la « criminologie critique et des études socio-juridiques » n'est pas tâche facile. En effet, en nous efforçant de créer des possibilités de mobilisation et de réflexion critiques et scientifiques – et tel était le projet que le professeur R. S. Ratner avait relancé en 1999 lors des rencontres de la Société canadienne de sociologie et d'anthropologie tenues à Lennoxville (Québec) –, nous risquons de devenir les gardiens de l'éthique critique. C'est dire que nous imposerions des critères servant à apposer sur tel ou tel chercheur l'étiquette « critique » (et servant donc à l'accuser de faire partie de cette tendance). Tout en cherchant une identité collective, un espace favorable à la réflexion et à la recherche, ainsi qu'un réseau de projets et de perspectives de reconnaissance, nous nous devons donc de résister à la tentation d'établir des frontières qui entraveraient l'épanouissement de l'esprit critique. S'engager dans une démarche critique exige de faire éclater les limites. Et pourtant, l'établissement d'une collectivité et la représentation de cette collectivité dans un recueil comme celui-ci risquent de figer la criminologie critique et les études socio-juridiques en tant qu'un ensemble clairement défini et tout à fait compréhensible qu'on peut écarter, négliger, voire détruire. Bref, de notre pluralité et de notre diversité irréductible jaillit une force certaine, mais nous ne voulons pas pour autant faire dissoudre la criminologie critique et les études socio-juridiques dans un flot de pensées éclectiques qui serait sans portée, dans lequel toutes les écoles seraient « critiques », et dans lequel l'esprit critique serait noyé par l'incohérence de nos voix multiples. Nous nous sommes donc donné pour objectif de présenter, dans ce numéro spécial, un échantillon de projets qui visent à remettre en cause, de diverses façons, l'hégémonie de la justice pénale. Le présent recueil ne constitue qu'un mode de représentation parmi d'autres de la complexité des formes antagonistes de la pensée critique tant en criminologie qu'en études socio-juridiques. Nous osons espérer qu'il servira de tremplin à l'élaboration d'autres recueils, qui compléteront ou qui contesteront les perspectives exprimées dans les pages qui suivent. Nous espérons enfin qu'il marquera une étape importante dans la lutte commune, mais qui sera menée sur plusieurs fronts, pour reconceptualiser la pratique et la raison d'être de la criminologie et des études socio-juridiques critiques. [End Page 632]

...

pdf

Share