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  • Entre le «Qui sommes-nous?» et le «Qui suis-je?» Synthèse du colloque annuel 2004 du CRCCF, «Mémoire et fragmentation. L'évolution de la problématique identitaire en Ontario français»
  • Christian Poirier

Le 5 mars 2004, le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) tenait à l'Université d'Ottawa un colloque dont l'objectif consistait à s'interroger sur l'identité franco-ontarienne, son évolution historique, ses principales transformations récentes et ses possibles mutations à venir. Jean-Pierre Wallot a d'emblée évoqué l'horizon thématique de la journée en soulignant l'évolution, depuis le début du XXe siècle, d'une identité franco-ontarienne relativement homogène et stabilisée dans ses principaux référents (liés au cadre canadien-français), vers une multiplicité d'identités francophones et franco-ontariennes. Dans ce contexte, il est alors difficile de cerner un sens commun qui s'appuierait sur le partage d'une mémoire collective susceptible d'inspirer le présent et l'avenir.

Dans une première série de communications, Michel Bock s'est interrogé sur le sort de la mémoire dans la construction historique de l'identité franco-ontarienne. À l'instar de Jean-Pierre Wallot, il a d'abord rappelé cette transformation historique de la conception organique et providentielle de la nation canadienne-française, conçue par les idéologues comme une communauté de langue, d'histoire, de religion et transcendant les frontières territoriales. Ce paradigme identitaire fut remis en question après la Seconde Guerre mondiale avec la montée irrésistible de la modernité, l'urbanisation et l'effritement des structures traditionnelles de socialisation (notamment les institutions cléricales ou celles contrôlées par le clergé). Cet éclatement se radicalisa durant les années 1960 alors que le Québec s'est distancié rapidement de la référence canadienne-française dans le cadre d'une Révolution tranquille qui allait marquer l'émergence d'une référence «québécoise» fondée sur une «nation québécoise», un État québécois et un territoire précis. L'identité franco-ontarienne s'est alors construite autour de la langue et s'est focalisée sur la province ontarienne, tout en présentant le visage d'une multiplicité de territoires (les Franco-Ontariens de l'Est, du Nord, de l'Ouest, du Sud, de Toronto...) et d'une différenciation ethnique accrue à la suite de l'arrivée d'une immigration francophone provenant de pays et d'horizons ethniques variés, sans parler de l'émergence de diplômés de classes d'immersion française.

Le défi consiste ainsi à construire un sens commun et une mémoire collective ne se réduisant pas à la seule dimension linguistique. Autrement dit, l'ouverture à l'altérité ne doit pas s'accompagner d'une amnésie identitaire. L'autre défi est de rapprocher les élites de la population car, selon M.Bock, le discours de nombreux leaders (dont ceux de l'Association canadienne-française de l'Ontario (acfo)), demeure enraciné dans une conception relativement homogène - et, pourrait-on ajouter, idéalisée - de l'identité franco-ontarienne alors que la «réalité» du terrain montre plutôt une fragmentation [End Page 109] de cette identité et une pluralité des façons de vivre son appartenance franco-ontarienne.

Christine Dallaire s'est ensuite penchée sur la reproduction des identités francophones chez les jeunes franco-ontariens à partir d'une série d'entretiens dans le cadre des Jeux franco-ontariens. Sa recherche montre que les jeux - qui sont organisés par les jeunes - mettent l'accent sur la participation plutôt que sur la compétition et revêtent divers aspects de sorte que l'on peut y retrouver autant de sports que de l'improvisation, des arts visuels et de la danse. Ces jeux sont donc différents de ceux que l'on retrouve en Acadie, au Québec ou en Alberta, où l'accent est plutôt placé sur les sports et la compétition. Les jeux franco-ontariens constituent donc un moment...

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