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Reviewed by:
  • Wife to Widow: Lives, Laws, and Politics in Nineteenth-Century Montreal by Bettina Bradbury
  • Michel Ducharme
Bradbury, Bettina – Wife to Widow: Lives, Laws, and Politics in Nineteenth-Century Montreal. Vancouver, UBC Press, 2011, 502 p.

Dans cet ouvrage, Bettina Bradbury traite de la transition qui mène les Montréalaises de l’état d’épouse à celui de veuve dans la première moitié du XIXe siècle. Elle étudie plus précisément le destin des femmes qui deviennent veuves de 1823 à 1826 et de 1842 à 1845. L’ouvrage est un fascinant mélange d’histoire sociale, d’histoire du genre, d’histoire légale, d’histoire politique et d’histoire culturelle et matérielle portant sur l’institution du mariage ainsi que sur les questions de propriété et d’héritage. Ayant choisi d’étudier la réalité montréalaise, l’auteure discute à la fois de l’expérience des Canadiennes françaises et des Irlandaises catholiques, des Anglo-protestantes et des Juives. Elle analyse aussi bien le vécu des femmes de la classe ouvrière que celui des femmes appartenant à la grande bourgeoisie de la métropole. Elle démontre en fin de compte la grande diversité des expériences de veuvage au Bas-Canada au XIXe siècle.

Les conclusions de l’auteure reposent sur une recherche exhaustive très impressionnante. Les veuves ayant laissé peu de traces écrites (comme la majorité des femmes d’ailleurs), l’auteure et ses assistants de recherche ont dû visiter plusieurs dépôts d’archives et dépouiller nombres de documents afin de reconstituer leur histoire. Ils ont ainsi consulté les registres paroissiaux et les archives des cimetières afin d’analyser la réalité démographique du veuvage (y compris les mariages, les enterrements et les re-mariages). Ces sources ont été jumelées aux contrats de mariage, aux testaments et aux inventaires après décès se trouvant dans les greffes de notaires. Elles ont été complétées [End Page 225] par des recherches dans les recensements, les annuaires de la ville et les archives municipales. Les données recueillies ont été ensuite compilées et croisées afin de reconstituer à la fois un portrait général de la réalité des veuves montréalaises au XIXe siècle et des biographies individuelles. L’auteure nous offre ainsi une analyse détaillée des diverses expériences de veuvage portant sur deux cohortes de veuves appartenant à quatre groupes ethno-religieux et quatre groupes socio-économiques.

Wife to Widow n’est pas une monographie traditionnelle. Il ressemble davantage à une collection d’articles abordant la question du veuvage selon différentes perspectives. Le résultat est toutefois très cohérent. La première partie de l’ouvrage, englobant les cinq premiers chapitres, porte sur le mariage. L’auteure débute sa démonstration en présentant les couples étudiés ainsi que le cadre légal dans lequel ils évoluaient. Selon elle, il existait quatre formes d’arrangements entre les époux au Bas-Canada, chacune représentant une forme particulière de patriarcat. Les époux pouvaient d’abord décider de ne pas signer de contrat de mariage et ainsi de se soumettre à la Coutume de Paris et de vivre sous la communauté de biens (customary patriarchy). Tel était le cas pour la majorité des Canadiens français. Les couples préférant signer un contrat de mariage pouvaient choisir entre trois formes de contrat. Ils pouvaient d’abord adapter le principe de la communauté de biens à leurs besoins en signant un contrat en bonne et due forme (collaborative patriarchy). Les Anglo-protestants et les Juifs montréalais préféraient toutefois la séparation à la communauté de biens (liberal patriarchy). Dans ce cas, chacun des époux conservait la propriété des biens qu’il apportait dans le mariage. Enfin, les plus fortunés privilégiaient la loi anglaise qui donnait à l’homme l’entière propriété des biens du couple (conservative patriarchy). Cette discussion est suivie par une analyse du débat entourant l’abolition du douaire après les rébellions de 1837–38. Cette premi...

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