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Reviewed by:
  • Fairy Tales for the Disillusioned: Enchanted Stories from the French Decadent Traditioned. by Gretchen Schultz and Lewis Seifert
  • Giulia Vallacqua
Schultz, Gretchen and Lewis Seifert, eds. Fairy Tales for the Disillusioned: Enchanted Stories from the French Decadent Tradition. Princeton UP, 2016. Pp [i]-xxiii; 255. ISBN 9780691161655. $22.95 (Hardcover). ISBN 9781400883455 $20.57 (eBook).

Charles Baudelaire, Alphonse Daudet, Rachilde, Renée Vivien, Guillaume Apollinaire et Claude Cahun ne sont que quelques-uns des dix-neuf écrivains français que ce volume vise à faire (re)découvrir aux lecteurs anglophones, en recueillant trente-six contes de fées, dont beaucoup soigneusement retraduits. Gretchen Schultz et Lewis Seifert révèlent ainsi un côté moins connu, mais pas moins charmant ni surprenant, de ces auteurs de la fin de siècle, qui ont fait partie du mouvement décadent ou qui ont été influencés par son esthétique.

Ces contes reflètent l’instabilité du siècle qui termine et répondent aux questions sociales, politiques et intellectuelles de la période. L’industrialisation et l’avancement des technologies rendent les fées inutiles et oubliées, les obligent à suivre la migration des hommes vers les villes pour chercher, en vain, une nouvelle place dans le monde, en reconnaissant l’impossibilité de reconquérir le rapport privilégié que l’homme avait avec la nature. Elles deviennent vieilles et laides, quand elles ne disparaissaient pas tout à fait, tuées par les vices ou le manque d’espoir des hommes. Sans leur aide, les Français succombent aux guerres (comme la guerre franco-prussienne, chez Daudet) et à la faim. Méprisées, elles peuvent se venger en s’incarnant en figures historiques comme les Pétroleuses et mettre le feu à Paris. Sinon, femmes fatales comme « Les Ogresses » de Paul Arène, elles rappellent les Parisiennes contemporaines et peuvent représenter la crise de la masculinité devant une sexualité féminine dangereuse. Il s’agit d’un « ennemi » féminin, comme il est bien explicité dans les notes au conte de Rachilde (120).

Un des pouvoirs les plus intéressants des contes de fées est de nous montrer un monde où les stéréotypes sexuels sont bouleversés, ce qui peut exprimer non seulement l’anxiété masculine à l’époque, mais aussi l’enthousiasme envers une réalité contemporaine où les femmes acquièrent de plus en plus d’autonomie et de droits. Bien avant Angela Carter, Margaret Atwood et A. S. Byatt, d’autres écrivaines avaient déjà reconnu les potentialités révélatrices et subversives de ce genre. Renée Vivien nous présente un garçon doux et efféminé, qui a toutes les « vertus féminines », et sa sœur qui a tous les « vices masculins » (152) : la fin sera heureuse pour un « Prince Charmant » (152) dont l’identité sexuelle est « difficile à déterminer » (155). Rachilde, dans un des contes de fées le plus riche, symbolique et visionnaire du recueil, nous montre une Florence en ruines, où des fleurs guerrières et sans pitié ont pris la place des femmes, soudainement disparues, et les hommes ne sont que de « rare phantoms, larval men » (116), dont [End Page 203] le dernier est un « gentleman who loved in equal measure brunette ladies and blond pages, beautiful statues and heraldic dogs » (127). Claude Cahun, encore, nous révèle la complexité et la perversité des pulsions de Cendrillon, soumise et masochiste, qui ne joue le rôle de dominatrice que pour conquérir un prince fétichiste et soumis, et donc, une fois reine, le pouvoir d’ordonner à ses vassaux de la maltraiter. Ces personnages avec une sexualité et des aptitudes non normatives, déviantes et perverses, typiques du Décadentisme et influencés par les études contemporaines en anthropologie, psychiatrie et criminologie, ouvrent alors la voie aux paradigmes modernes, en critiquant de manière subtile, ironique et ambigüe la vision traditionnelle et étroitement normative.

Ces contes de fées ne sont donc pas ceux auxquels nous sommes habitués : ils détruisent toutes les certitudes traditionnelles, ils restent dans les marges (Jules Lemaître, « On the Margins of Perrault’s Fairy...

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