In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

L'Esprit Créateur C'est finalement sous le signe de la parole-«voix de l'amour, ou du temps»-que P. AuraixJonchi ère place les fascinantes équivocités de cette «figure du passage», montrant en quoi cette «représentante idéale de l'absolu» est «liée à l'ineffable» et «appelle l'écriture». La parole de contestation dont Lilith, sans conteste, est porteuse, si elle n'est pas sans lien avec celle de Prométhée ou d'Hermès, est tout à fait spécifique: elle est aussi l'affirmation d'autres valeurs, celles de la féminité, de la connaissance intuitive, qui en font «un personnage en prise directe avec l'époque dans laquelle il s'insère, dont il traduit les failles et les aspirations». Pourvue d'un riche appendice composé d'une bibliographie, de deux index ainsi que d'un ensemble d'annexés, cette remarquable étude ne manquera assurément pas d'intéresser tant les spécialistes de la littérature du XIXe siècle que les comparatistes. Véronique Léonard-Roques Université Biaise Pascal Véronique Léonard-Roques. Caïn, figure de la modernité (Conrad, Unamuno, Hesse, Steinbeck, Butor, Tournier). Paris: Honoré Champion, 2003. Bibliothèque de Littérature générale et compar ée, 35. Pp. 376. 62 €. Issu d'une thèse de doctorat nouveau régime soutenue à l'Université Biaise-Pascal et dirigée par Alain Montandon, le livre se présente comme une étude du mythe de Caïn au XXe siècle, à travers six récits ou œuvres romanesques majeures, Le Compagnon secret (The Secret Sharer) de Joseph Conrad, Abel Sanchez (Abel Sánchez) de Miguel de Unamuno, Demian (Demian) de Hermann Hesse, A l'Est d'Eden (East of Eden), de John Steinbeck, L'Emploi du temps de Michel Butor et Le Roi des Aulnes de Michel Tournier. Dans ce corpus organisé en deux pôles chronologiques, autour de la première guerre et après la seconde guerre mondiale, la figure de Caïn se révèle propice à l'expression des ambiguïtés et des déchirements du siècle. Véronique Léonard-Roques montre bien, en effet, la spécificité de ce mythe au XXe siècle: si l'ambiguïté de Caïn fut abondamment traitée par le XIXe qui y vit une figure de la rébellion contre Dieu, il faut attendre le XXe siècle pour que surgisse un Caïn créateur, qui renoue ainsi avec le Caïn bâtisseur de la Renaissance. Après une introduction mettant en perspective, d'un point de vue historique, le traitement du mythe de Caïn et justifiant d'un point de vue théorique la notion de mythe appliquée à une figure biblique, le livre se décompose en trois parties. La première partie («Intertextualités») propose dans un premier chapitre une analyse détaillée du récit fondateur, le chapitre IV de la Genèse, dont les ellipses et les contradictions se révéleront particulièrement fécondes dans les textes étudiés: pourquoi Dieu rejette-t-il l'offrande de Caïn? Le signe mystérieux qui empêche que Caïn soit tué est-il punition, protection, élection? Pourquoi le premier criminel de l'humanité est-il aussi le fondateur de la première cité et le père des arts et des techniques? Un second chapitre étudie la place de Caïn dans l'œuvre des six auteurs, place obsédante chez Unamuno et Tournier. Un troisième chapitre met à profit les catégories dégagées par Gérard Genette dans Palimpsestes pour étudier précisément les «procédés de transposition» du mythe et les «modalités de l'insertion hypotextuelle», qui révèlent, de la part des auteurs, un souci de donner à leurs personnages une épaisseur psychologique dont leurs modèles bibliques sont «génériquement dépourvus». La deuxième partie («Caïn et Abel, une bipartition ouverte») étudie, à partir d'une réflexion sur la modernité comme hésitation et ambiguïté, comment les œuvres remettent en cause les oppositions axiologiques de...

pdf

Share