Développer les coopérations scientifiques afin de favoriser les relations diplomatiques avec d’autres pays et de conforter sa «présence» dans le monde: ce dispositif stratégique est devenu, au cours des années 1960, un élément central de la politique étrangère de la plupart des États occidentaux1. Expérience matricielle, la politique de rapprochement, inaugurée à l’époque gaullienne, entre la France et l’Union soviétique s’ est ainsi appuyée sur la mise en œuvre d’un vaste accord dit de «coopération scientifique et technique»: signé en juin 1966, lors du voyage du général de Gaulle à Moscou, il devait permettre de maintenir voire de renforcer les liens entre les deux pays, même dans des périodes de tensions entre l’Est et l’Ouest; et de fait, dès la fin des années 1960, il aboutit à l’instauration d’importantes collaborations scientifiques2.

Cette étape de l’internationalisation des sciences n’avait cependant rien d’évident. Les collaborations scientifiques avec l’Est suscitaient de nombreuses réticences, en particulier dans des domaines aussi sensibles que le spatial, pourtant conçu comme «le secteur pilote» de cette politique de coopération. Du côté soviétique notamment, ces coopérations supposaient une certaine ouverture du programme spatial