La Subversion par l'image: La Perse, la Chaldée et la Susiane de Jane Dieulafoy

C Ferraris-Besso - Women in French Studies, 2018 - muse.jhu.edu
Women in French Studies, 2018muse.jhu.edu
Parler du récit de voyage au XIXe siècle, c'est parler d'un univers avant tout masculin, car
même si la critique s' intéresse depuis quelques décennies déjà aux voyages de femmes
(Irvine,«Le Récit» 69), le genre fut en premier lieu et dans sa grande majorité pratiqué par
des hommes—parmi les plus connus, on peut penser à Chateaubriand, Théophile Gautier,
Gérard de Nerval, Guy de Maupassant, ou Pierre Loti. Si l'écriture de voyage au féminin est
aussi rare au XIXe siècle, alors même que la période voit les débuts et l'expansion du …
Parler du récit de voyage au XIXe siècle, c’est parler d’un univers avant tout masculin, car même si la critique s’ intéresse depuis quelques décennies déjà aux voyages de femmes (Irvine,«Le Récit» 69), le genre fut en premier lieu et dans sa grande majorité pratiqué par des hommes—parmi les plus connus, on peut penser à Chateaubriand, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Guy de Maupassant, ou Pierre Loti. Si l’écriture de voyage au féminin est aussi rare au XIXe siècle, alors même que la période voit les débuts et l’expansion du tourisme de masse, c’est qu’elle ne correspond ni aux normes sociales et sexuées de la féminité—Margot Irvine note ainsi que la femme «comme il faut» se doit de rester chez elle («Le Récit» 69)—ni à celles de la production littéraire—elle requiert une subversion de ses normes. En conséquence, une femme qui voyage et qui en sus écrit ce voyage est toujours déjà hors-normes, et l’est même doublement du fait qu’elle a à conquérir deux domaines qui au XIXe siècle restent largement réservés aux hommes: celui du voyage et celui de l’écriture.
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