Le Discours scolaire au dix-neuvième siècle: le cas La Fontaine

R Albanese Jr - French Review, 1999 - JSTOR
R Albanese Jr
French Review, 1999JSTOR
NOUS SOMMES TOUS DES tLEVES! Malgre notre statut officiel de lecteurs/&crivains
professionnels au sein du monde universitaire, nous ne ces-serons jamais d'etre, au sens
large, des etudiants de la litterature ou, plus precisement, de la textualit&. Vouloir dissocier
le fait litteraire de sa dimension institutionnelle, voila ce qui relkve d'une gageure car,
comme nous l'a rappele R. Barthes dans sa celkbre formule:" La litterature, c'est ce qui s'
enseigne, un point, c'est tout"(170). En tant qu'enseignants, nous devrions toujours garder …
NOUS SOMMES TOUS DES tLEVES! Malgre notre statut officiel de lecteurs/&crivains professionnels au sein du monde universitaire, nous ne ces-serons jamais d'etre, au sens large, des etudiants de la litterature ou, plus precisement, de la textualit&. Vouloir dissocier le fait litteraire de sa dimension institutionnelle, voila ce qui relkve d'une gageure car, comme nous l'a rappele R. Barthes dans sa celkbre formule:" La litterature, c'est ce qui s' enseigne, un point, c'est tout"(170). En tant qu'enseignants, nous devrions toujours garder presente i l'esprit la merveilleuse ambivalence du verbe" apprendre", ainsi que la signification politique et culturelle sous-jacente au debat contemporain sur la" rectification" des valeurs a l'Universit&. De tels problkmes relkvent, de toute evidence, de l'histoire de l'enseignement du franqais et de la mise en place de la notion de classique scolaire dans l'Ecole republicaine en France au dix-neuvieme siecle. Comme nous avons tente de le demontrer dans un livre recent, les critiques de cette epoque s' attachent a definir les grands &crivains en fonc-tion d'une sorte de caracterologie nationale qui reflete la diversite des traits constitutifs de l'ame franqaise dans son ensemble: le" grand" Corneille et le" bon" La Fontaine viennent alors prendre leur place a c8te de 1'" aimable" Moliere et du" tendre" Racine; il s' est forme, de ce fait, un Pantheon litteraire de saints laiques qui fonde le canon officiel de l'Ecole republicaine. Nous nous proposons de mettre en evidence le contenu precis du mythe scolaire qui s' est cristallise autour de La Fontaine au cours du si&cle dernier, c'est-a-dire, de montrer dans quelle mesure l'Ecole republicaine s' est appliquee a retrouver ses valeurs ideologiques et morales dans les Fables. Avant d'en venir aux faits, quelques reflexions d'ordre methodologique s' imposent.
S'interroger sur le rapport entre le discours scolaire et la critique exg&e-tique en France au dix-neuvieme siecle-rapport qui illustre la compl&-mentariti entre la production et la consommation du savoir i cette 4poque-c'est n~ cessairement tenir compte des modes de transmission du savoir et, plus particulibrement, des biens culturels de l'Ecole rdpublicaine. Dans la mesure oi les exercices de classe (lecture, &criture et [rd] ci-
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