L'utilité d'un catalogue général des manuscrits que contiennent nos Bibliothèques n'est plus à démontrer. Elle fut signalée, dès 1725, par l'abbé Lebeuf, dans une lettre au Mercure de France, où ce savant faisait ressortir les avantages d'une pareille publication, au double point de vue de l'intégrité des collections et des secours qu'elle fournirait aux recherches des érudits. L'idée de l'abbé Lebeuf ne demeura point stérile; car, en 1739, dans le tome II de sa Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova, Bernard de Montfaucon donnait la liste des manuscrits conservés dans un certain nombre de dépôts. Tout aussitôt, de 1739 à 1744, fut publié un catalogue, en quatre volumes, des manuscrits de la Bibliothèque du Roi; grâce à la description donnée déjà par dom Martène et dom Durand, dans leur Voyage littéraire, des manuscrits les plus précieux des collections que Montfaucon n'avait pu explorer, les trésors d'une partie des anciennes Bibliothèques de France se trouvaient ainsi à peu près connus. La Révolution vint déplacer la propriété des collections littéraires. Les corporations civiles et religieuses ayant été supprimées, les biens des émigrés confisqués, ces collections devinrent biens nationaux, et, comprenant les devoirs que leur imposait cette situation toute nouvelle, l'Assemblée