[BOOK][B] Le Roman de la Rose au XIVe [ie quatorzième] siècle: étude de la réception de l'œuvre

PY Badel - 1980 - books.google.com
PY Badel
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Etudier l'influence du Roman de la Rose en France et dans la seule littérature jusqu'au
milieu du XVIe siècle, ce projet qui nous fut proposé recouvrait une ambition ancienne et
datée en 1891, dès la première page de ses Origines et sources, Ernest Langlois assignait
sa réalisation à la philologie comme le complément indispensable de l'ouvrage qu'il publiait
et de l'édition critique qu'il préparait. La nécessité du projet paraissait évidente: par-delà les
réflexions théoriques qui, depuis le siècle dernier, ont transformé l'objet et la méthode de la …
Etudier l'influence du Roman de la Rose en France et dans la seule littérature jusqu'au milieu du XVIe siècle, ce projet qui nous fut proposé recouvrait une ambition ancienne et datée en 1891, dès la première page de ses Origines et sources, Ernest Langlois assignait sa réalisation à la philologie comme le complément indispensable de l'ouvrage qu'il publiait et de l'édition critique qu'il préparait. La nécessité du projet paraissait évidente: par-delà les réflexions théoriques qui, depuis le siècle dernier, ont transformé l'objet et la méthode de la critique, il n'est guère de médiévistes qui n'aient pas souligné l'emprise du Roman de la Rose sur les écrivains ultérieurs et appelé à l'étude de l'influence de ce qui a été le modèle unique de générations entières de poètes et de lecteurs ou bien encore la réalité même de la poésie pour les XIV et XVe siècles.
Souhaité par E. Langlois, le travail n'avait pourtant pas été mené à bien plus d'un demi-siècle plus tard. Il est possible qu'on ait reculé devant l'ampleur de la tâche et le nombre de textes à examiner. Il est probable que le flou inhérent à la notion d'influence même ait été une gêne. Cette gêne, nous l'avons ressentie. Mieux que ne le ferait une discussion de la notion en cause, les vicissitudes de l'entreprise tentée à propos du Roman de la Rose sont propres à faire comprendre les obstacles auxquels se heurte un essai pour cerner une influence. A vrai dire, le projet avait été dès l'abord et délibérément limité. Elaboré en un temps où les livres majeurs de G. Paré et A. Gunn ouvraient l'accès au Roman de la Rose et faisaient ressortir avec plus de précision que jamais les points où la pensée de Jean de Meun s' écartait de l'orthodoxie chartraine et scolastique, il se voulait une contribution à l'histoire des idées. Au prix de l'exclusion de toute recherche approfondie sur l'histoire d'une forme comme le songe ou d'une figure comme la personnification (l'héritage de Guillaume de Lorris), il s' agissait de suivre l'histoire des idées de Jean de Meun, celle de son hétérodoxie dans le domaine moral, de sa «difinitive sentence» telle qu'elle avait été délimitée par A. Gunn. Il paraissait peu vraisemblable que ce qu'écrivait le poète n'eût été que l'audace d'un individu, mais plausible que Jean de Meun eût été le porte-parole d'un groupe. Ce groupe et sa pensée pouvaient-ils avoir disparu à la fin du XIIIe siècle? On comptait
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