L'œuvre d'art du Moyen Age était destinée à des spectateurs attentifs. Les plus cultivés y trouvaient prétexte à un exercice de style, la description ou Vekphrasis, empruntée à la tradition hellénistique, qui mettait en valeur leur savoir Q). Ce pouvait être aussi un tableau plus désintéressé, comme celui que l'auteur d'une légende pieuse avait tracé avec fidélité et précision d'après une mosaïque de Salonique dégagée, après la fin de la Querelle iconoclaste, de la couche de crépi qui la recouvrait (2). Enfin, pour les illettrés,-et les témoignages abondent dans ce sens,-le décor d'une église était un livre plein d'enseignement qui éveillait l'ima-gination (3). Un esprit distingué, comme saint Grégoire de (1) K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Literatur, Munich, 1897, p. 414; G. Downey, art. Ekphrasis dans Reallexikon für Antike und Christentum de Th. Klauser (jusqu'à l'époque de Justinien). Il s' agit bien d'un exercice de rhéteur et la question se pose parfois de savoir si l'on est en présence d'une œuvre d'art qui avait réellement existé ou seulement d'un pastiche des imagines de Philostrate: A. Muñoz, Descrizioni di opere d'arte in un poeta bizantino del secolo XIV (Manuel Philes), dans Repertorium für Kunstwissenschaft, XXVII, 1904, p. 392.