Les études ici réunies–pour la plupart inédites en français–ont été publiées au cours des treize dernières années dans des périodiques spécialisés et dans les actes des deux colloques ayant eu lieu en 1996, respectivement au Carla-Bayle et à Nimègue, à l’occasion du tricentenaire du Dictionnaire historique et critique. Je tiens à remercier les directeurs des périodiques et les éditeurs des volumes susdits, qui ont bien voulu m’autoriser à reproduire ces contributions. Mais je suis surtout reconnaissant–encore une fois–à Antony McKenna, qui m’a proposé de les faire confluer dans le présent volume, et à Alain Mothu, qui a revu une version préparatoire du texte.

Ces recherches portent sur l’aspect le plus proprement philosophique de l’activité intellectuelle de Bayle, d’où le titre sous lequel elles paraissent. Il ne s’ agit pas, pour autant, de rétablir la légende du Bayle précurseur des philosophes des Lumières, chère à la critique baylienne de la première moitié de ce siècle, de Jean Delvolvé à Ernst Cassirer. Au contraire, la pensée philosophique de Bayle est bien enracinée dans son époque, qui est celle du cartésianisme, de la scolastique chrétienne et du libertinage érudit, sources dont il parvient par ailleurs à se démarquer grâce à sa maîtrise dialectique et à son érudition. De ce point de vue, le cas de Bayle constitue un unicum dans la philosophie française du XVIIe siècle, car il a su conjuguer de manière originale ces différentes traditions de pensée pour les opposer les unes aux autres, en développant ainsi jusqu’au bout les apories de la métaphysique et de la théologie occidentales.