[BOOK][B] Les juges de Castille: mentalités et discours historique dans l'Espagne médiévale

G Martin - 1992 - books.google.com
G Martin
1992books.google.com
L'histoire est discours. Sur ce constat se fonde l'utilité de mon étude. L'idée n'est pas
nouvelle: les rhéteurs latins, et plus encore les historiens et les philosophes chrétiens de
l'antiquité tardive et du haut moyen âge, les maîtres et les théologiens du moyen âge central
en avaient fait une base de leur réflexion sur le récit des faits. Nos propres rhétoriciens', nos
propres historiens 2, nos propres philosophes sont revenus, chaque fois plus nombreux ces
dernières années, à ce thème de réflexion. Pourtant: on serait bien en peine de déceler …
L'histoire est discours. Sur ce constat se fonde l'utilité de mon étude. L'idée n'est pas nouvelle: les rhéteurs latins, et plus encore les historiens et les philosophes chrétiens de l'antiquité tardive et du haut moyen âge, les maîtres et les théologiens du moyen âge central en avaient fait une base de leur réflexion sur le récit des faits. Nos propres rhétoriciens', nos propres historiens 2, nos propres philosophes sont revenus, chaque fois plus nombreux ces dernières années, à ce thème de réflexion. Pourtant: on serait bien en peine de déceler, dans l'état actuel de l'étude de l'historiographie médiévale, l'influence de leurs préoccupations et de leur pensée. Où en sommes-nous? La recherche philologique va son chemin. Elle est indispensable, fondamentale, et, fort heureusement, bien représentée en Espagne notamment par les travaux de Diego Catalán¹ et du Seminario Menéndez Pidal 5-l'édition ne suit pas toujours... mais c'est un autre problème. L'histoire de l'historiographie médiévale a connu récemment un bel essor. Surtout en France, il est vrai, autour de Bernard Guenée-comment, cependant, ne pas citer le travail avant-coureur de Benoît Lacroix¹?—, mais il s' agit d'une histoire globale, portant sur l'ensemble de l'Occident, où la France et l'Angleterre dominent et où l'Espagne est réduite à la portion congrue⁹. En Espagne même, des travaux comme ceux (bien isolés) d'Emilio Mitre Fernández 10 ne portent pas sur l'historiographie nationale, mais, à leur tour, sur l'Occident. Au regard de l'étudiant ou du chercheur intéressés par l'historiographie médiévale espagnole, s' offrent principalement le panorama, complet, mais désuet et nécessairement superficiel de Benito Sánchez Alonso", ainsi que les études, plus ou moins anciennes, ponctuelles, le plus souvent éparpillées, et fondamentalement philologiques de Ramón Ménéndez Pidal, Claudio Sánchez Albornoz, Antonio Ubieto Arteta 12 et quelques autres. Seuls les travaux de Robert Brian Tate 13 échappent à ce paysage un peu désolé; mais ils sont centrées sur le XVème siècle. Or, que nous disent aujourd'hui de l'historiographie médiévale,
books.google.com