La structure distributionnelle

ZS Harris, J Balagna - Langages, 1970 - JSTOR
ZS Harris, J Balagna
Langages, 1970JSTOR
Premièrement, les parties d'une langue ne se rencontrent pas de façon arbitraire les unes
par rapport aux autres; chaque élément se rencontre dans certaines positions par rapport à
certains autres éléments. L'homme de la rue croit que, lorsqu'il parle, il assemble librement
des éléments quelconques en fonction du sens qu'il désire exprimer; en réalité il ne le fait
qu'en choisissant des membres dans des classes qui figurent régulièrement ensemble et
ceci dans l'ordre où ces classes figurent. Deuxièmement, ces contraintes distributionnelles …
Premièrement, les parties d'une langue ne se rencontrent pas de façon arbitraire les unes par rapport aux autres; chaque élément se rencontre dans certaines positions par rapport à certains autres éléments. L'homme de la rue croit que, lorsqu'il parle, il assemble librement des éléments quelconques en fonction du sens qu'il désire exprimer; en réalité il ne le fait qu'en choisissant des membres dans des classes qui figurent régulièrement ensemble et ceci dans l'ordre où ces classes figurent. Deuxièmement, ces contraintes distributionnelles des classes se maintiennent pour toutes leurs occurrences: on ne peut pas négliger arbitrairement ces contraintes, par exemple, pour des nécessités sémantiques. Selon certains logiciens notamment, une description distributionnelle exacte des langues naturelles est impossible en raison du manque de précision propre à toute langue. Il n'en est pas tout à fait ainsi. Tous les éléments d'une langue peuvent être regroupés en des classes dont on peut déterminer avec exactitude les occurrences interdépendantes. Toutefois, pour l'occurrence relative de deux membres particuliers appartenant à deux classes différentes, il faudrait parler d'une probabilité fondée sur la fré-quence de leurs occurrences dans un échantillon donné de la langue. Troisièmement, on peut établir l'occurrence relative de deux éléments quelconques, dans les limites d'exactitude fixées ci-dessus, de sorte que les règles distributionnelles couvrent toutes les données d'une langue, et sans recourir à d'autres types d'information. A diverses époques, on a pensé qu'il était seulement possible d'établir les règles d'une grammaire normative (les infractions à ces règles dans la langue parlée étant ainsi des «irrégularités») ou de déterminer les règles d'un dialecte standard, mais qu'en revanche on ne pouvait pas le faire pour un parler non standard ou pour l'argot; on pensait aussi que les règles distributionnelles devaient tenir compte du processus historique (par exemple la forme première de la langue était, on ne sait pourquoi, plus «régulière»). Cependant, dans tous les dialectes étudiés, on a pu trouver des éléments qui présentent des régularités d'occurrences; et, si l'évolution historique peut être analysée à la fois indépendamment et en relation avec la distribution des éléments' il est également toujours possible d'établir l'occur-rence relative des éléments sans faire aucune allusion à leur histoire (c'est-à-dire d'une manière descriptive).
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