NVIRON quarante mille, à la veille de la Révolution, les Juifs de France se répartissaient géographiquement en quatre régions bien identifiées: la région de Bordeaux qui regroupait les sépharades ou «<< Portugais», originaires d'Espagne et du Portugal; les États pontificaux et leurs environs où étaient établis ceux qu'on appelait les «< Avignonnais»; l'Alsace, la Lorraine et les Trois-Évêchés où vivaient les askhénazis le plus souvent dénommés<< Allemands» et qui constituaient la plus grande proportion des Juifs de France puisqu'on en dénombrait environ 30 500¹; Paris, enfin, à cet égard microcosme de la France, où s' étaient installés des représentants des trois groupes précédents, dans des proportions d'ailleurs comparables à leurs populations respectives. Ils formaient alors dans la capitale trois communautés bien distinctes, régies chacune par un syndic nommé par le gouvernement. Au moment de l'émancipation civile et politique des Juifs de France en 1791, ils constituaient à Paris une population d'environ huit cents personnes 2. De ce nombre, quelques-uns seulement, venus de la région bordelaise, avaient reçu des lettres de naturalité de Louis XV; les autres étaient soumis à la police qui leur délivrait

Patrick GIRARD, les Juifs de France de 1789 à 1860, p. 22. 2 La plupart des auteurs (dont L. KAHN, les Juifs de Paris pendant la Révolution, p. 66) estiment cette population à cinq cents. Nous croyons plus probable le chiffre de huit cents donné par J. Loeb (cité par H. MONIN,«Les Juifs de Paris à la fin de l'ancien Régime», REJ, 1891, p. 87), car le recensement du Consistoire en 1809 comporte deux cent quatre-vingts Juifs qui immigrèrent à Paris de 1762 à 1789. Si on y ajoute leurs femmes et enfants et un certain nombre de personnes décédées entre 1789 et 1809, nous obtenons au moins huit cents Juifs à Paris en 1789.