L'antiquité nous offre des traités sur l'éducation de la jeunesse, mais non des livres destinés à être mis entre les mains de la jeunesse elle-même. La littérature juive n'offre pas même de traité proprement dit sur l'art d'élever les enfants, car le traité intitulé: les Règles de conduite (1), n'est pas un ouvrage d'éducation pour le premier âge, et les passages de la Bible, ou des livres de morale qui parlent de la jeunesse, ne constituent pas un traité.

L'absence, dans l'antiquité, d'un genre d'ouvrages si multipliés de nos jours, s' explique naturellement par ce que l'éducation, dans son sens le plus étendu, est une science toute moderne; elle est une science sociale, et la vie sociale n'avait pas dans l'antiquité le développement qu'elle a pris depuis. Nous ne nous occuperons ici que de la Bible; elle nous montre un autre ordre d'idées que celui qui est généralement admis de nos jours. Ainsi quand Salomon dit: Qui ménage le châtiment hait son fils, mais celui qui l'aime cherche à le corriger (2), il était loin de se douter qu'on pût un jour traiter les enfants comme des êtres raisonnables, sur lesquels on agit plus par la persuasion que par la crainte. D'ailleurs l'éducation était identique avec la religion. Le Talmud dit: sans étude de la loi (religieuse)(3) point d'éducation. Celle-ci se donnait dans la famille par l'exemple; les professeurs, c'étaient le père et la mère: Ecoute, mon fils, la morale de ton père, et n'abandonne pas la doctrine de ta mère (4). Celui qui n'avait pas