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Reviewed by:
  • Camus
  • Colette Trout
King, Adèle . Camus. London: Haus Publishing. The Modern Library of Biography. Life &Times Series, 2010. Pp.161. ISBN 978-1-906598-40-2. $14.95, cloth.

Cela semble une gageure d'écrire une biographie de Camus en 138 pages, après les œuvres monumentales d'Herbert Lottman et d'Olivier Todd. Néanmoins, Adèle King la relève avec brio et distille dans ce petit livre l'essentiel de la philosophie et de l'œuvre camusiennes. King n'est pas novice en la matière puisqu'elle a écrit en 1966 un livre sur Camus et a dirigé un ouvrage Camus's L'étranger : Fifty Years On (1992). Dans cette nouvelle étude, King brosse un portrait nuancé de Camus qui met en relief les déchirements au sein de la pensée et de la vie de l'auteur.

Alors qu'il est vu comme un écrivain d'allégories et d'abstractions morales, ses romans et essais philosophiques puisent souvent, comme King l'indique au dos de couverture de cet essai, leur origine dans des événements et incidents autobiographiques. La source de son œuvre, comme le remarque l'écrivain lui-même dans L'Envers et l'endroit se trouve « in the world of poverty and sunlight I lived in for so long » (Lyrical and Critical Essays)1. Elle se trouve aussi dans le seul amour qu'il n'ait jamais trahi, l'amour pour sa mère, femme silencieuse et illettrée, qui lui a servi de point de repère moral, même si par ailleurs, son attitude envers les autres femmes était fondamentalement misogyne, ainsi que le déclare King (74). Enfin, la tuberculose, dont il a toujours souffert, a influencé sa manière de voir la vie : « Constant awareness of death was important for his philosophy » (King 13).

Peut-être à cause de ses débuts difficiles, comme le suggère King, Camus ne se sentira jamais à sa place dans le milieu des intellectuels français de l'époque. King analyse avec lucidité les contradictions apparentes de Camus. Déchiré à la fin de la guerre entre son désir de voir punir les collaborateurs et sa haine grandissante pour la peine capitale, il en viendra en 1946 à reconnaître que François Mauriac avait raison quand il s'opposait à la condamnation à mort des collaborateurs. La publication de L'homme révolté (1951) amplifie la réflexion de Camus sur la violence : il sera mis au pilori par les communistes et les intellectuels de gauche, dont Sartre et l'équipe des Temps Modernes, qui le considèrent comme un réactionnaire, car il se refuse à passer sous silence les exactions du régime soviétique. Camus, comme le note King, avait bien défini [End Page 150] dans son livre, « the need to condemn ideologies that allow the end to justify the means » (The Rebel). Beaucoup qui « had at one time considered Sartre the leading voice on the political left now realized that Camus was correct in his criticism of Communism » (137).

King apporte un jugement mesuré sur l'attitude de Camus pendant la guerre d'Algérie, insistant comme le fait Jean Daniel, l'ami de Camus, que ce dernier n'avait jamais été partisan d'une Algérie française mais s'opposait viscéralement à la violence des deux camps. De plus, Camus avait pressenti qu' une Algérie « linked to an empire of Islam [...] would bring the Arab peoples only increased poverty and suffering » (Algerian Reports). Sans s'y appesantir, King présente le livre de David Caroll, Camus the Algerian comme « a well argued defence of Camus's position against such left-wing critics as Edward Said, Conor Cruise O'Brien and Frantz Fanon » (137) et cite les nombreuses interventions de l'écrivain et journaliste en faveur du peuple algérien, le premier qui s'était élevé contre le sort misérable des Berbères en Kabylie à cause de l'indifférence du gouvernement français.

En bref, si dans ce livre King laisse parler les œuvres de Camus, elle en donne aussi en quelques phrases des analyses judicieuses, et nous rappelle que les questions...

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