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Reviewed by:
  • Hélène Cixous. Texture mythique et alchimique
  • Catherine Phillips (bio)
Metka Zupancic , Hélène Cixous. Texture mythique et alchimique, Birmigham (Alabama, USA), Summa Publications, 2007, 206 p., 42,95$ US

Au cours des années 1990-2000, l'œuvre littéraire d'Hélène Cixous a beau-coup évolué, devenant moins dense et irréductiblement polysémique, plus accessible à un plus grand public, inscrivant, par exemple, une voix narrative relativement stable et des types de personnages, plutôt que l'éclatement énonciatif et les figures souvent intrasubjectives qui prédominaient auparavant. En même temps, Cixous a gagné un nouveau lectorat, et l'intérêt critique s'est transformé pour répondre aux préoccupations sur l'évolution de cette œuvre. Ayant traité l'écriture de Cixous, notamment selon une orientation qui souligne ses rapports intertextuels avec le domaine des mythes, depuis le début des années 1990, Metka Zupancic est singulièrement bien placée pour commenter les fictions récentes de l'auteure. Pour elle, la réécriture et la transformation des mythes caractérisent le rapport entre féminisme et spiritualité, rapport qui sert de cadre de ses recherches.

Pour Zupancic, les figures d'Orphée, d'Eurydice et d'Hermès, telles que remaniées dans l'œuvre de Cixous, suggèrent une logique profonde. L'orphisme est primordial ici : il s'agit d'écrire contre la mort et la séparation pour ramener quelqu'un ou quelque chose, et pour transcender la perte, la souffrance et le tragique par la magie des mots, travail continu assuré par l'hermétisme, la possibilité de passage entre les mondes, alliée à une fluidité, une insaisissabilité mercuriennes de l'écriture. Dans les essais du recueil, Zupancic développe la polyvalence de ces figures comme intertextes, comme plans de l'architecture sous-jacente de l'œuvre, et comme guides de ses préoccupations et de son évolution. Toutefois, il ne s'agit pas de clés herméneutiques qui permettent de tout résoudre. Zupancic note bien la difficulté de travailler cette écriture en devenir perpétuel où règnent la multiplicité et la contradiction, où tout finit par se contredire, et cela à des fins éthiques. Ces puissants fils conducteurs se répandent et surgissent sinueusement comme fils [End Page 173] conducteurs de ces essais exceptionnellement riches, dont plusieurs ont été publiés ou présentés antérieurement en tout ou en partie et remaniés ou développés par la suite. De nombreuses problématiques y sont explorées dans l'œuvre récente de Cixous, comme le dialogue de la mère de la narratrice (quasi-)autobiographique, et le remaniement du mythe à des fins contestataires dans la pièce La ville parjure (jouée en 1994, publiée en 1995). Des fictions telles qu'OR. Les lettres de mon père (1997), Osnabrück (1999), Manhattan (2002) et L'amour du loup (2003) sont l'object d'analyses des plus minutieuses, perspicaces et pertinentes. Il est intéressant de noter que l'œuvre antérieure de Cixous, surtout La venue à l'écriture (1977) et une constellation de textes de fiction de la première moitié des années 1990, figurent surtout dans deux des premiè res analyses du livre développant le cadre mythocritique de Zupancic et « l'orphisme » de Cixous, lesquels ne perdent point de leur pertinence.

La force et la richesse de ces analyses denses et détaillées sont évidemment multiples, grâce à la profondeur des lectures, nourries par une longue fréquentation de l'œuvre et du milieu critique autour de Cixous. Cela dit, Zupancic n'hésite pas à énoncer des désaccords respectueux avec d'autres critiques, et ne donne pas toujours raison à Cixous ni ne laisse primer sans questionnement la métafiction et les essais de l'auteure pour guider ses recherches. Par ailleurs, elle ne se laisse pas embourber dans les explications et les problématisations du féminisme et du féminin chez Cixous. Pour Zupancic, la réécriture stratégique de l'auteure est fondamentalement féministe. Ce phénomène est particuliè rement intéressant en ce qu...

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