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Reviewed by:
  • L’Ontario français dans le Canada français avant 1911. Contribution à l’histoire sociale, and: Le Canada français. Son temps, sa nature, son héritage. Les séminaires Fernand-Dumont
  • Martin Pâquet (bio)
Fernand Ouellet, L’Ontario français dans le Canada français avant 1911. Contribution à l’histoire sociale. Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2005, 547 p., 35$
Le Canada français. Son temps, sa nature, son héritage. Les séminaires Fernand-Dumont, s. la dir. de Gilles Gagné Québec, Éditions Nota bene, coll. Société, 2006, 325 p.

Comme une nostalgie qui n’en finit plus de s’éterniser, l’idée du Canada français demeure prégnante dans l’espace public francophone. Il en va bien sûr de la persistance de cette représentation historique pour plusieurs promoteurs d’une conception ethnoculturelle du concept de nation – que l’on songe à cette insistance actuelle sur l’« origine » ou l’ « héritage » des Québécois francophones. Il en va surtout de la recherche sociologique et historienne : le temps de la table rase et des condamnations ex cathedra s’est estompé, la poussière des luttes se disperse, et les études scientifiques peuvent désormais se pencher sur cette représentation pour mieux comprendre sa portée, sa force de conviction et sa capacité de mobilisation.

Chacun à leur manière, deux ouvrages récents témoignent de la vivacité de cette recherche. Le premier est issu de la plume de l’historien Fernand Ouellet, pionnier de l’histoire sociale au Canada francophone. Pionnier avons-nous dit. Du pionnier, Ouellet a l’ambition des terres neuves, poussant toujours de l’avant ses défrichements à partir de son Histoire économique et sociale du Québec, 1760–1850 (1966) et son Bas-Canada (1976), jusqu’aux lopins de l’Ontario français. Du pionnier, il possède aussi l’opiniâtreté dans le dépouillement exhaustif des sources et dans l’analyse méthodique et minutieuse des données statistiques, la rudesse dans l’identification du [End Page 578] fait historique, l’ampleur de l’érudition. Il a également la cognée raide, taillant à la hache dans son matériau une interprétation souvent vive, aux coches glissant parfois au delà du tronc de la recherche : bien que fondés sur un plan factuel, on sent dans ses propos sur le clergé catholique des pointes de jugement de valeur; ses traits sur l’historiographie « traditionnelle » – une historiographie « traditionnelle » parce qu’elle est, selon Ouellet, «nationaliste» (voir p. 37–80) – ou sur d’autres historiens (voir p. 16–21, 306–307) sont quelque peu amènes.

Toutefois, le lecteur agrée volontiers à la préface d’Yves Frenette, qui voit dans chacun des huit chapitres de cette somme une leçon de méthode. C’est particulièrement le cas dans les chapitres de sa deuxième partie, portant sur les disparités ethniques et sociales dans trois régions de l’Ontario en 1871. Ses études sur les cantons de Hawkesbury et d’Alfred, de Malden et de Sandwich et les rapports socio-ethniques à Ottawa sont exemplaires de la démarche ouelletienne, une démarche dans la droite foulée de l’histoire quantificative à la Ernest Labrousse : la socio-économie y prédomine comme schème explicatif, l’analyse se fonde sur une quantité imposante de données empiriques mises en série, l’apport d’une connaissance intime et étendue des sources et des études scientifiques y est fondamental. Certes, on cerne, à travers cet imposant dispositif scientifique, que l’historien se met au centre de son récit avec une ardeur toujours aussi combattante et une certitude du bon droit et du juste savoir. Néanmoins, une fois que la clameur des luttes s’estompera, le lecteur invite de tous ses vœux une étude historiographique sereine sur l’œuvre de Fernand Ouellet qui, en dépit des polémiques, occupe une place considérable dans la recherche en sciences humaines et sociales depuis les années 1950. L’Ontario français dans le Canada français avant 1911, d’ailleurs, constituera une pièce éloquente à verser au dossier.

Le second...

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