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  • Culture et littérature francophones de la Colombie britannique : du rêve à la réalité. Espaces culturels francophones II
  • Benoit Doyon-Gosselin (bio)
Culture et littérature francophones de la Colombie britannique : du rêve à la réalité. Espaces culturels francophones II, s. la dir. de Guy Poirier Ottawa, David, coll. Voix savantes, 2007, 258 p., 32$

En 2004 paraissait un premier volume consacré à la littérature et à la culture francophones de la Colombie britannique. Issu du travail d’un groupe de recherche unissant plusieurs chercheurs de différentes universités, ce deuxième ouvrage savant poursuit dans la même veine. Contrairement à la culture et la littérature acadienne ou franco-ontarienne et, dans une moindre mesure, la littérature franco-manitobaine, la francophonie littéraire et culturelle de la Colombie britannique est peu connue. Ce collectif permet d’approfondir le sujet et de mesurer l’impact des francophones dans cette province, et ce, dès la colonisation.

L’article qui ouvre le livre, « Le Courrier de la Nouvelle-Calédonie : le rêve d’une cité française », se consacre au premier journal francophone paru en Colombie britannique dès 1858, pour une période somme toute éphémère. Micheline Cambron analyse finement les visées politiques et littéraires des collaborateurs qui tentent d’influer sur le développement de Victoria. Elle souligne en conclusion que « l’apport le plus important du Courrier de la Nouvelle-Calédonie est ce fantasme d’espace public, ce rêve d’une ville idéale qui domine la baie d’où partent ceux qui vont vivre l’aventure de la chasse au trésor dans les nouveaux territoires ». Dans l’article suivant, « Trois voyageurs en Colombie-Britannique, 1886–1895 : Hulot, Beaugrand, Lévis », Carla Zecher s’intéresse à trois récits de voyage écrits par trois voyageurs aux buts divergents, soit le [End Page 575] baron Étienne Hulot, Honoré Beaugrand et le marquis de Lévis-Mirpoix. Plus descriptif qu’analytique, le texte permet de situer dans une coupe synchronique les raisons qui ont poussé les mieux nantis à effectuer le long périple vers le Pacifique. Il s’agit d’une relecture pertinente de ces récits du xixe siècle qui aurait toutefois bénéficié d’une interprétation plus stimulante. Située plus loin dans l’ouvrage, la contribution de Lise Gauvin, « Récits de voyageurs : l’ethnologue et le géographe », traite également de ce genre particulièrement fécond au xixe siècle. La chercheure se penche sur deux récits qui proposent le même itinéraire, d’est en ouest par le chemin de fer du Canadien Pacifique, soit celui d’Adolphe-Basile Routhier et celui d’Olivier Maurault. L’analyse de Gauvin est remarquable, car elle montre sans ambages que le premier auteur écrit en tant qu’apprenti-ethnologue alors que le second agit plutôt comme géographe et surtout que, dans les deux cas, « le premier protagoniste reste le Chemin de fer canadien, instrument de cohésion et de fierté nationales ».

Les deux articles suivant forment un diptyque en ce sens qu’ils abordent de façon différente l’œuvre du grand ethnologue Marius Barbeau. Dans un premier temps, Réjean Beaudoin, dans « Une empreinte effacée : à propos du Rêve de Kamalmouk de Marius Barbeau », se penche sur ce roman, paru d’abord en anglais, une œuvre qu’on ne lit pratiquement plus aujourd’hui. Au delà du résumé nécessaire pour comprendre le déroulement de l’histoire, le texte de Beaudoin propose une analyse convaincante qui soulève autant de questions qu’elle fournit de réponses. D’ailleurs, au final, le chercheur se demande si le roman de Barbeau transpose véritablement un espace francophone de la côte ouest et qu’à ce titre il faudrait qu’il retrouve sa place au sein du canon ou alors, parce qu’il traite des peuples qui « ont adopté la langue anglaise dans leurs échanges avec la société coloniale dans la seconde moitié du xixe siècle », il ne resterait plus qu’à l’exclure des recherches sur les espaces francophones...

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