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  • Le château de sable. Une vie d’écrivain, and: Île était une fois. Carnet d’un écrivain
  • Gaetan Brulotte (bio)
Pierre Chatillon, Le château de sable. Une vie d’écrivain. Préface de Louis Caron Ottawa, Les Éditions David, Hors collection, 2005, 408 p., 28$
Pierre Chatillon, Île était une fois. Carnet d’un écrivain. Montréal, XYZ éditeur, coll. Romanichels, 2007, 240 p., 25$

Né en 1939, Pierre Chatillon raconte dans Le château de sable sa vie d’écrivain à travers le roman familial qu’il s’en est construit. D’un côté, un père biologique dépressif enfermé dans l’image d’un traîne-malheur, exilé du pays de la joie; de l’autre, un oncle solaire plein de vitalité qui tient lieu de père spirituel et qui change la vie de son neveu en lui faisant découvrir l’île d’Anna Maria au sud de Tampa en Floride où Chatillon passera ses moments les plus heureux et écrira nombre de ses livres. D’ailleurs les pages les plus inspirées de cette autobiographie sont consacrées à l’évocation de cette île, dont il rappelle la fascination qu’elle exerce sur lui au début de chaque chapitre comme le ressac de la vague. Il y décrit une Floride poétique et paradisiaque qui ne correspond pas du tout aux clichés que certains intellectuels québécois véhiculent à son sujet. Après la mort de son père et la traversée d’un tunnel existentiel, il doit à sa découverte floridienne une vraie renaissance, car elle lui a tout donné, dit-il. L’auteur éclaire ainsi les deux volets de son œuvre, le morbide étant dicté par son père malade tandis que le versant solaire est influencé par l’oncle. L’écrivain décrit cette dissociation schizoïde avec une grande honnêteté. La mère, quant à elle, adorée mais portée sur la censure, lui fournira bien sûr ses modèles de femmes aimées, et tout particulièrement celui de sa compagne actuelle trouvée sur le tard. [End Page 600]

Chatillon propose ici des vues très lucides sur son parcours, évaluant son œuvre et constatant ses échecs, notant entre autres ne pas avoir l’étoffe d’un vrai romancier et se sentant plus à l’aise en poésie et dans la nouvelle. Par-delà l’éclairage jeté sur la genèse de chacune de ses œuvres, dont il dévoile la symbolique et le rôle dans son évolution, ce qui est très intéressant ici c’est qu’il reconstitue à travers sa vie et celle de ses ancêtres l’histoire littéraire et culturelle du Québec. Enfant élevé pendant la Grande Noirceur, il a été très marqué par l’idéologie janséniste et s’en prend frontalement au pouvoir religieux qui brimait alors la liberté d’être et de penser. Il fait ses études au très conservateur séminaire de Nicolet où il découvre l’écriture par le biais de Chateaubriand, Rimbaud et Nelligan, un choc pour lui. Expulsé pour « mauvaise conduite », il rencontre l’abbé Marcel Leclerc, homme éveillé et penseur peu orthodoxe, avec qui j’avais moi-même plaisir à discuter quand je l’avais comme collègue à Trois-Rivières. C’est lui qui l’a encouragé à publier son premier recueil de poèmes qui fut interdit au séminaire. Le jeune Chatillon élargit ses horizons littéraires avec Lautréamont. Hemingway devient bientôt un de ses « professeurs d’eau » avec Maupassant en ce qu’ils lui ont appris à décrire l’eau.

L’une des originalités de cette autobiographie, c’est qu’elle est aussi une analyse qui intègre harmonieusement la critique littéraire pour en éclairer les diverses dimensions. Il est dommage que l’auteur sente le besoin de s’en excuser par moments. L’universitaire et professeur de littérature qu’il a été pendant une trentaine d’années se réconcilient parfaitement avec l’écrivain et contribuent à la richesse de ce livre.

Après sa retraite de l’enseignement...

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