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Reviewed by:
  • Identités, vulnérabilités, communautés
  • Catherine Parayre (bio)
Identités, vulnérabilités, communautés, s. la dir. de Francine Saillant, Michèle Clément et Charles Gaucher Québec, Éditions Nota bene, CELAT, Tierces, 2004, 333 p., 24,95$

Qu'il s'agisse d'approches théoriques ou d'études de situations concrètes, les textes réunis dans cet ouvrage analysent principalement la notion de [End Page 168] vulnérabilité dans le domaine de la santé au Québec. Parmi les thèmes examinés figurent les droits des malades en milieu hospitalier, la perception du handicap au sein de la population et par les pouvoirs publics, le suivi médical des immigrés, les campagnes de santé auprès des populations autochtones, mais aussi l'expérience des patients en services de psychiatrie. En accompagnement de ces cas précis, les divers chapitres portent un regard critique sur le système de santé, y repèrent ses faiblesses économiques et des choix idéologiques peu représentatifs de la réalité sociale et montrent que ce système crée souvent la vulnérabilité lorsqu'il place les utilisateurs en situation de dépendance. Dans plusieurs articles, cette dimension médicale est toutefois élargie à d'autres perspectives. Par exemple, on y débat des concepts de communauté, de communautarisme et de constructivisme (dans ce contexte, la façon dont un individu ou un groupe se forge une identité). Ainsi un article traite-t-il des « enjeux » identitaires (Denise Medico, Joseph J. Lévy et Joanne Otis, « La bisexualité et ses enjeux identitaires et communautaires ») dans l'expérience de la bisexualité à une époque où le sida est encore considéré, dans l'esprit du public, comme une maladie affectant avant tout les homosexuels. De même, deux textes prennent pour objet d'étude les troisième et quatrième âges, périodes de la vie au cours desquelles les questions de santé occupent certes un grand rôle, sans pourtant s'y réduire (il est à noter qu'un de ces deux chapitres étudie la société brésilienne, seule exception dans le choix géographique de l'ouvrage).

En dépit d'une telle variété dans les sujets choisis, les auteurs s'accordent sur deux points majeurs. D'une part, ils maintiennent que les concepts traités, en particulier ceux qui apparaissent dans le titre, doivent être impérativement contextualisés afin d'éviter toute généralisation hâtive. Par exemple, un des articles examine la notion de vulnérabilité à la fois selon une perspective historique et dans ses réalisations actuelles politiques et, parmi les groupes concernés, identitaires, sans oublier le discours scientifique qui lui est consacré. Ses auteures avertissent que « des usages variés et indifférenciés qui sont faits de la notion, seule subsiste, finalement, une vague idée selon laquelle la vulnérabilité est toujours là où s'observe le manque vis-à-vis de la santé, du bien-être ou du "bien vivre" » (Michèle Clément et Nadine Bolduc, « Regards croisés sur la vulnérabilité : le politique, le scientifique et l'identitaire »). D'autre part, la vulnérabilité d'individus ou de groupes est, de l'avis général, non seulement le résultat de circonstances difficiles, mais aussi une perception que nourrit et, parfois, instrumentalise l'individu ou le groupe social concerné. En fait, il ressort de l'ouvrage que tout effort des individus ou groupes jugés vulnérables à prendre la parole, revendiquer des droits ou définir une identité à laquelle ils pourraient s'identifier pourrait occasionner un « égoïsme catégoriel », c'est-à-dire une tendance à se replier sur une identité ou au sein d'une communauté et de n'attribuer de valeur qu'aux intérêts s'y rattachant [End Page 169] directement. Les textes rassemblés ne manquent donc pas d'attirer l'attention sur le fait que la vulnérabilité n'équivaut pas toujours à la victimisation d'un individu ou d'un groupe. Elle peut donner lieu à « une stratégie de mobilisation », allant jusqu'à « valoriser le stigmate ». Malgré les contraintes imposées, elle fait...

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