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  • À l’école de P.-J.-O. Chauveau. Éducation et culture au XIXe siècle
  • Claude Grégoire (bio)
Hélène Sabourin, À l’école de P.-J.-O. Chauveau. Éducation et culture au XIXe siècle Montréal, Leméac, coll. Domaine Histoire, 2004, 21,95$

Hélène Sabourin signe, avec À l'école de P.-J.-O. Chauveau. Éducation et culture au XIXe siècle, un ouvrage procédant non pas à la réhabilitation de celui qui fut Premier ministre du Québec de 1867 à 1873, mais plus à la remise en lumière de l'homme de culture que fut Chauveau. Le portrait chronologique que Sabourin fait de la vie de cet humaniste permet de saisir la complexité d'un homme contesté à maints égards dans une société pas tout à fait prête à recevoir les idées d'un avant-gardiste pour qui culture et éducation allaient de pair.

L'union entre culture et éducation auront marqué la vie entière de Chauveau. Dès son enfance bourgeoise naîtra sa passion pour les livres qui le mènera tôt au monde littéraire : jeune écrivain et journaliste en verve, il publie poèmes, essais et articles, alors que son roman Charles Guérin, qui eut un succès d'estime en France, montre que l'éducation, thème important du roman, constitue une préoccupation majeure pour Chauveau. Élu député à l'âge de vingt-quatre ans, Chauveau voit sa carrière politique prendre rapidement un essor notable : surintendant à l'Éducation, ministre, Premier ministre du Québec puis shérif de Montréal, professeur de droit romain et doyen de la Faculté de droit de l'Université Laval à Montréal.

Mais c'est surtout lors de ses mandats de surintendant de l'éducation, à partir de 1855, et de Premier ministre que Chauveau crée des remous par son action éducative et culturelle. Véritable « animateur culturel », on lui prête une vanité certaine et le taxe d'idéalisme, lui que Sabourin n'hésite pas à qualifier aujourd'hui d'« éveilleur », de « précurseur ». Chauveau rêve essentiellement d'une culture ouverte, accessible à tous, comme son Journal de l'instruction publique en fait foi, et d'une éducation accessible au plus grand nombre. On retiendra sa remarquable détermination à faire valoir sa conception d'une éducation ouverte à tous et permanente, à la suite de Jacques Crémazie et de Jean-Baptiste Meilleur, dans laquelle l'État joue un rôle de premier plan. En ce sens, il s'inscrit historiquement et idéologiquement comme l'annonciateur d'une pensée dont les échos ne trouveront oreille qu'une centaine d'années plus tard lors de la Révolution tranquille. Mais son engagement passe parfois pour de l'interventionnisme, et ses actions et ses idées en bousculent plus d'un. Le clergé, pour sa part, est dérangé par les visées de Chauveau sur l'enseignement secondaire, et les universités ne voient pas toutes du même œil que l'État les subventionne pour des programmes de sciences appliquées. Chauveau aura de plus maille à partir avec son propre parti comme avec les libéraux et les anglo-protestants. [End Page 65]

La quatrième de couverture mentionne avec justesse que de À l'école de P.-J.-O. Chauveau ressort l'image d'un personnage « complexe et beaucoup plus attachant qu'on l'a laissé croire ». Bien que la présentation chronologique de Sabourin, axée sur l'homme, laisse parfois en plan l'analyse des idées, Chauveau apparaît, dans cet essai, comme un véritable défricheur qui aura durement payé pour ses audaces. En ce sens, la visée de Sabourin apparaît réussie : un homme de culture se profile, amoureux des lettres et du savoir, qui se heurte à son époque — cruciale dans l'histoire du pays —, sans que l'on tombe dans la mythification ou la complaisance.

Claude Grégoire

Claude Grégoire, Département de français, Collège Mérici (Québec)

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